Excellence Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, un Sénégalais parmi 16 millions vous écrit pour une question urgente.
Je me présenterais comme un acteur du sport et un missionnaire pour le développement holistique de la jeunesse sénégalaise et africaine par le sport et l’éducation.
Je milite depuis plus de 15 années dans plusieurs organisations et fondations œuvrant dans le secteur de l’éducation par le sport (Seed project, Giants of Africa, etc.).
Par ailleurs je suis employé dans une franchise de la Nba, Les Toronto Raptors, mais aussi consulté pour la Nba (Ligue nord-américaine de basketball), la firme Nike et d’autres organisations intervenant dans le sport au niveau élite.
Ces multiples occupations combinées m’ont offert une vue panoramique et rapprochée de ce que peut être l’impact du sport dans un pays, son économie, son éducation et sa jeunesse.
Il se trouve aussi que depuis sept ans, je dirige un club local de basketball en première division, un club de quartiers qui rassemble toutes les Sicaps.
Cette dernière expérience me permet d’apprécier à quel point le sport doit être pris au sérieux dans l’équilibre socio-économique de nos localités, mais surtout en tant que facteur de prise en charge de la jeunesse en général.
Excellence, de Bambeto (Conakry) à Ikeja (Lagos), de Guinaw Rail (Pikine) à Kibera (Nairobi), de Jamestown (Accra) à Baco Djicoroni (Ba­ma­ko), les jeunes jouent, le sport est le catalyseur de leur énergie, il est leur plus grande passion. Il est aussi leur langage et leur conversation, le sport est plus qu’un symbole de la jeunesse, il est leur rêve et en même temps leur réalité.
Le sport absorbe les problèmes quotidiens de la jeunesse, résorbe les inégalités sociales, surtout adsorbe l’énergie dans les écoles et dans les espaces publics.
Investir dans l’industrie du sport doit dès lors être une priorité pour nos pays en développement pour beaucoup de bonnes raisons.
J’ose même penser que tel le pétrole et le gaz, le sport en soit est une ressource naturelle indiscutable au Sénégal.
Nous pouvons aussi constater que le sport et les Gafa sont les deux secteurs qui créent le plus de valeur dans le monde actuel.
Il est temps pour notre sport d’être repensé et reconstruit comme un secteur économique à part entière. Vous verrez que les dividendes seraient nombreux et diversifiés.
Un sport scolaire et un sport de masse bien organisé génère un climat social apaisé pour une jeunesse épanouie.
Un sport d’élite mieux encadré génère des emplois et beaucoup de retombées financières.
A l’heure actuelle, des individualités telles que DeSagana Diop, Sadio Mané, Gorgui Sy Dieng sont des entreprises à part entière qui n’ont pas assez profité au Sénégal. Ces investisseurs potentiels, si on en produit assez et si on les encadre bien dès le début de leur carrière jusqu’à leur reconversion, pourraient contribuer significativement au développement du Sénégal.
Quand les fédérations sportives comprendront les véritables enjeux de leur mission première qui est de transformer la jeunesse en leur offrant un développement sportif adéquat, un environnement compétitif tout en leur garantissant une plateforme socio-éducative solide au lieu de continuer d’être des plateformes d’auto promotion sociale, de rentes pour certains et de refuges pour d’autres, nous arriverons certainement.
Pour dire la vérité, il est temps que les structures et leur mode de gouvernance soient audités et réévalués. Nous subissons clairement l’agenda des fédérations internationales pour qui nous cotisons pour leur bon fonctionnement (achat de droits télés, cotisations régulières, amendes), et qui, elles par contre, se transforment et s’adaptent aux nouveaux enjeux.
Le sport étant un pouvoir délégué, il doit connaître ses assises et se voir donner de nouvelles orientations qui lui permettraient de se conjuguer au présent afin que toutes vos réalisations, en termes de contenants : Dakar Arena, le nouveau Stade olympique, l’organisation des Joj 2026, etc., trouvent leur contenu.
Pour ce faire, en marge des assises urgentes pour la gouvernance du sport et sa modernisation, il faudra aussi et urgemment procéder à un recensement démographique des organisations sportives par localité et surtout par dimension (nombre de licenciés).
Le Sénégalais est d’un potentiel athlétique rare et demandé sur le marché international. Aider et accompagner ce secteur par une bonne structuration de la formation qui ne se limite pas à celle de l’athlète (l’entraîneur, le préparateur physique, l’agent de joueur, le juriste sportif, le conseiller financier, le médecin, le Com­munity manager, le physiothérapeute, le psychologue, autant d’emplois dans le catalogue des métiers du sport), et pourquoi pas intégrer les petites et moyennes organisations sportives dans les mécanismes de micro financement et dans les politiques de création d’emplois ?
Nous ne devons pas continuellement faire la même chose et espérer un progrès. Le décret 760040 de 1976 doit être mis à jour, la loi n° 84-59 du 23 mai 1984 portant Charte du sport doit contextuellement évoluer, l’arrêté ministériel n° 12238 en date du 31 décembre 2003, portant délégation de pouvoir, doit être amendé.
Excellence Monsieur le président de la République, faire la dichotomie entre le sport de masse avec une agence nationale de développement du sport, et le sport élite par la mise en place d’une convention collective du sport seraient des réformes bénéfiques pour l’ensemble des acteurs, mais surtout pour le Sénégal, terre incontestée de sport.
Ndiaga Mactar NDIAYE
Head of Operations/SEED
PROJECT-NBA Academy
Scouting Manager des
Toronto Raptors
Coordonnateur Afrique Francophone de Giants of Africa
Président du Sicap
Basket-ball Club