La restitution du stade Assane Diouf, démoli en 2007 au profit d’hommes d’affaires chinois, reste et demeure le combat du Collectif pour «la sauvegarde et la réhabilitation du stade Assane Diouf» qui a fait face à la presse, dimanche.Par Mamadou SAKINE

– Le Collectif pour «la sauvegarde et la réhabilitation du stade Assane Diouf» est contre l’érection sur le site du projet Daktower de deux tours d’une trentaine d’étages. En conférence de presse, dimanche, au quartier Rebeuss, les membres dudit collectif ont déclaré qu’ils restent sur leur position de restitution du stade.
Cette sortie fait suite aux révélations du journaliste Pape Alé Niang et à la pose de la première pierre par le Président Macky Sall du projet susnommé.
«L’Etat aurait repris 1,5 ha en donnant la moitié pour l’extension de la mosquée omarienne et un hectare à la commune de Dakar-Plateau pour servir de terrain de football avec des commodités pour la jeunesse de Dakar-Plateau et de Rebeuss», a soutenu le porte-parole du jour, Alioune Badara Tabane.
En clair, ajoute-t-il, l’Etat sert à rembourser le 1,5 ha cédé à la commune de Dakar-Plateau et à la famille omarienne. Cette dernière est pourtant en phase avec le collectif.

Refus de la famille omarienne de voir des tours surplomber les mausolées
En effet, le frère du khalife Thierno Madany Tall, Hady Tall, a exprimé le refus de la famille de voir des tours surplomber les mausolées de Thierno Seydou Nourou Tall et de Thierno Mountaga Tall. Parce que, dit-il, ils ne connaissent pas la nature du projet en question.
En lieu et place des immeubles prévus sur une partie de ce périmètre d’une superficie de 24 133 m2, le président Cheikh Tidiane Niang et ses camarades demandent à l’Etat de les construire sur le site de la prison de Rebeuss ou à défaut à Diam­niadio.

«Une entreprise de privatisation d’un bien public»
«Le collectif trouve contradictoire la construction du Mémorial de Gorée au moment où l’Etat démolit un symbole de la mémoire dakaroise. Cette dépossession d’un bien commun au profit d’hommes d’affaires n’est rien d’autre qu’une entreprise de privatisation d’un bien public qui débouchera sur le déguerpissement des quartiers donnant sur la Corniche avec son corollaire de plages privatisées», a déploré Alioune Badara Tabane. Ce dernier appelle les populations de Dakar, particulièrement les jeunes, les sportifs et le mouvement associatif, de continuer à se mobiliser. Ils sont à une dizaine d’années de mobilisation contre «les prédateurs et les forces obscures tapies dans l’ombre».
En 2012, le candidat Macky Sall s’est engagé à restituer le stade Assane Diouf aux habitants de Dakar. Elu Président, il a pris la décision de restitution, lors du Conseil des ministres délocalisé de 2016 à Pikine. L’année suivante, la construction du stade Assane Diouf est introduite dans le Plan triennal d’investissements prioritaires (Ptip 2018-2020), pour un montant de 17 milliards franc Cfa. Les Chinois qui avaient investi dans le projet Kawsara ont arrêté les travaux. Nourri d’espoir, le collectif a conçu la maquette d’un complexe de dernière génération qu’il envisage de construire avec l’appui de l’Etat. Sur le plan, c’est un stade omnisports de près de 18 000 places. L’infrastructure doit être dotée de toutes les commodités d’usage dont une zone de presse avec salles de travail et points multimédia. Mais aussi il y aura des zones dédiées notamment aux Vip, aux organisateurs d’évènements, aux personnes à mobilité réduite, ainsi que des espaces aménagés pour les activités externes (séminaires, manifestations culturelles, etc.), des espaces dédiés à la boxe, aux arts martiaux, à la gymnastique et des parkings en sous-sol.
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