Invité à revoir le statut de l’entreprise communautaire, le Premier ministre soutient globalement la proposition du président des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal, Serigne Mboup. Toute­fois, M. Dionne met en garde les opérateurs économiques. «Il ne faut pas oublier que nous sommes en économie ouverte. L’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) n’est pas une île coupée du reste du monde. Aujourd’hui, nous sommes consommateurs net de technologie, de capitaux et demain notre ambition est de faire de vous des champions sous régionaux, mais qui exportent», a dit le Premier ministre. Mahammed Boun Abdallah Dionne poursuit : «Si vous exportez vers d’autres zones, il ne faut pas que demain on vous oppose ce que vous, vous voulez aujourd’hui.» Il craint que plus de protection entrave nos entreprises demain quand elles voudront exporter en dehors de l’Uemoa. «Vous allez au Cameroun, on dit ah, nos entreprises camerounaises ne peuvent pas aller chez vous. Vous voulez exporter en Turquie, il ne faut pas que les Turcs vous disent attention, vous avez un régime spécial pour vos entreprises, on va vous appliquer aussi un régime spécial», avertit-il. Ses inquiétudes sont nourries par l’ouverture de l’économie, du marché financier, des banques, la globalisation, la mondialisation. «Comment se faire un système autonome dans le cadre d’une économie ouverte», s’interroge le chef du gouvernement, avant de demander à ces opérateurs économiques sénégalais de faire «attention au piège, c’est un couteau à double tranchant».
Le Premier ministre Dionne suggère plutôt un accompagnement des entreprises pionnières. «Ces entreprises pionnières doivent être défendues. Quand vous êtes un pionnier dans un secteur, cela nécessite un statut particulier. Mais attention, les autres nous écoutent, ils peuvent nous retourner les mêmes reflexes», a-t-il conclu.
Il répondait ainsi à l’appel de Serigne Mboup, président des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Séné­gal, qui souhaite que les termes d’entreprises communautaires soient reconsidérés. M. Mboup a par ailleurs, demandé la création d’un conseil présidentiel régional pour l’investissement à l’instar de ce qui se passe au Sénégal.
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