Les travailleurs de la Sonatel demandent des assises du numérique pour permettre au Sénégal d’assurer sa souveraineté dans ce secteur stratégique.Par Justin GOMIS – 

«Le secteur du numérique doit accélérer le développement socio-économique.» Cette phrase du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye a suscité un grand espoir chez les travailleurs de la Sonatel. «Nous avons de nouvelles autorités qui nous laissent avec un grand espoir d’une souveraineté économique retrouvée qui sera conquise», a soutenu hier Mouhamadou Lamine Badji, le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts). D’après les propos contenus dans le texte préliminaire lu par Rose Marie Balacoune, la Secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications, «le secteur du numérique est devenu le socle et l’accélérateur du développement de toutes les économies». Un combat qu’ils ont mené depuis des décennies sans satisfaction. «Depuis des décennies, de la lutte contre la vente des 9% des actions de l’Etat du Sénégal à France Télécoms à la lutte contre l’externalisation des réseaux des opérateurs, les syndicats du secteur des télécommunications se sont investis dans la lutte pour la souveraineté numérique du Sénégal sans chauvinisme», a-t-elle rappelé. Elle indique que depuis quelques mois, les travailleurs du secteur des télécommunications attendent que les nouvelles autorités «mettent le pied à l’étrier pour trouver des solutions au développement du secteur des télécommunications et du numérique au Sénégal». En fait, ils pensent que la souveraineté numérique et la digitalisation de l’économie du pays ne se feront pas sans les travailleurs. Et pour une réussite de ce pari, ils ont égrené un chapelet de revendications et ont réclamé la tenue des assises nationales sur la question du numérique. Selon le coordinateur de la Coordination des syndicats de télécommunications, «le numérique aujourd’hui est la locomotive des économies». «Et un tel enjeu devrait faire l’objet de beaucoup de discussions de tous les acteurs, les opérateurs, le secteur privé, l’Etat, les journalistes, les travailleurs et les centrales, afin de définir une vision nationale et une stratégie de développement du numérique inclusive», dit-elle.
Aujourd’hui, les travailleurs de la Sonatel veulent aussi un arrêt du détournement des objectifs des fonds destinés au Fdsut. «Et comme c’est une exigence du slogan Jub, Jubal, Jubanti, nous tenons à ce que ces fonds soient orientés vers ce secteur afin de permettre à chaque Sénégalais d’avoir accès au numérique. L’objectif du Fdsut institué par l’Etat du Sénégal est de rassurer qu’il y ait des branchements sociaux du numérique», ajoute-t-elle. Que faire ? «On considère qu’il y a des Sénégalais qui ont droit à l’accès à l’eau et que les moyens financiers ne le leur permettent pas. Pour le numérique, c’est pareil. L’Etat s’est dit que les opérateurs, ce sont des privés, ils ne vont pas investir à perte et que les Sénégalais qui sont dans des zones qui ne sont pas très rentables parce qu’il y a deux ou trois cases qui sont dans un village, que les opérateurs ne trouvent pas leur intérêt à investir des centaines millions. Il y a un fonds que l’Etat prélève des opérateurs sur leurs chiffres d’affaires et qui est destiné à cet effet. Ce qu’on constate, ce sont des centaines de milliards qui sont aujourd’hui détournés. C’est un détournement d’objectifs. Sous Wade, ces sommes ont permis à financer le plan Takkal et depuis lors, on ne sait vers quelles destinations ces fonds sont allés en réalité», a dénoncé Mouhamadou Lamine Badji, qui voudrait que ces fonds qui dépassent maintenant 200 milliards de francs, aillent dans ce secteur pour offrir à chaque Sénégalais le droit d’avoir accès au numérique. Ce n’est pas la seule revendication. «Nous réclamons la promotion de la recherche-développement dans le domaine du numérique, la promotion de l’industrie numérique, la création d’un bureau national en charge du numérique sous l’autorité du Premier ministre, en remplacement du Conseil national du numérique, la mise en place d’un cadre d’échanges et de concertations avec différents acteurs de l’écosystème des télécommunications et du numérique, garant d’une meilleure inclusion et participation, la reprise par l’Etat de son rôle de garant du pacte d’actionnariat qui le lie avec le partenaire France Télécoms, l’arrêt de la cannibalisation du secteur consistant à confier les activités essentielles à des structures appartenant aux opérateurs eux-mêmes», ont égrené les syndicalistes.
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