Il y aura bel et bien des poursuites après la publication des rapports des organes de contrôle, notamment ceux de la Cour des comptes. L’information a été donnée hier par le ministre de la Justice, qui a accordé un entretien à l’Aps. Ousmane Diagne s’est aussi prononcé sur les Assises de la Justice prévues ce 28 mai.Par Dieynaba KANE –

Le Garde des sceaux, ministre de la Justice a assuré que des suites judiciaires seront données «sans faiblesse et en toute objectivité» aux manquements décelés par la Cour des comptes et les autres organes de contrôle. Ousmane Diagne, qui était l’invité de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) hier, rappelle que «la plupart des corps de contrôle, à commencer par la Cour des comptes, dans leurs conclusions, ont demandé des poursuites». Pour lui, «dans le cadre d’une dynamique d’examen et de reddition des comptes, l’attitude la plus responsable consisterait justement à saisir un juge d’instruction pour chaque cas et de lui laisser la pleine latitude d’apprécier la conduite à tenir». Et d’ajouter : «C’est-à-dire la suite à donner à chaque affaire, sans faiblesse et d’une façon tout à fait objective, sans courir le risque de donner à nos actions et à cette démarche procédurale une connotation de règlement de comptes.»

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Il a par la même occasion tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières. «Parce qu’il n’y a pas de règlement de comptes. Il faut juste répondre de ses actes, il faut juste que les griefs formulés contre certains, que ces gens puissent y répondre. Et la suite à réserver à ces affaires, il appartiendra à la Justice, aux magistrats, aux juges, d’en décider en toute indépendance et de façon très objective», a-t-il insisté. Dans la même veine, il a fait savoir que «les poursuites sont certaines». Et M. Diagne d’expliquer : «C’est la finalité d’un rapport dès lors que les auteurs préconisent des poursuites. A moins que les poursuites préconisées ou suggérées ne soient pas légalement établies, à moins qu’il y ait effectivement des raisons de penser que les infractions qui ont été retenues contre les uns et les autres ne seraient pas du tout établies, je pense que la finalité d’un rapport d’un corps de contrôle aussi prestigieux que la Cour des comptes ne pourrait être que des poursuites.»

Se voulant rassurant sur cette question, le ministre de la Justice soutient que les poursuites «seront confiées à des magistrats indépendants expérimentés qui vont décider de la suite à donner et éventuellement des peines à distribuer».

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Cet entretien exclusif, tenu à quelques jours des Assises sur la réforme et la modernisation de la Justice, a été également une occasion pour Ousmane Diagne de revenir sur l’objectif de ces concertations. Ainsi, d’après le ministre, ces assises ont été convoquées pour «une amélioration du service public de la Justice, une Justice rendue au nom du Peuple sénégalais, et que cette Justice puisse répondre à ses objectifs premiers, c’est-à-dire procéder quelque part à une réconciliation de cette Justice avec les populations qui doivent en être les principales bénéficiaires».

A en croire M. Diagne, les objectifs assignés à ces assises «consistent seulement à faire le diagnostic, que tous ces dysfonctionnements supposés ou réels puissent être identifiés et les moyens d’y remédier puissent être envisagés au mieux des intérêts de la République». S’agissant toujours de ces assises prévues ce 28 mai, M. Diagne informe qu’il s’agira d’un débat ouvert «des populations, des professionnels de la Justice, de tous les segments de la société». Et de ce point de vue, déclare-t-il, «il est normal que l’on puisse d’abord identifier les maux et permettre à tout le monde de donner son avis». Parce que, fait-il valoir, «la Justice n’est pas uniquement l’affaire des magistrats et des professionnels de la Justice, dès lors que cette Justice est rendue au nom du Peuple sénégalais».

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Répondant à une question relative aux principaux axes de la future réforme de la Justice, le Garde des sceaux estime qu’il «appartiendra aux participants d’en décider». «On ne peut pas inviter les gens à se prononcer sur la Justice, à se prononcer sur ce qu’ils considèrent comme dysfonctionnements ou des points faibles de la Justice, et faire des propositions pour y remédier et leur assigner des objectifs. L’idée du président de la République est de laisser les participants décider de ce qu’il faut faire et ce qu’il y a lieu de discuter, faire des propositions dont il appréciera de la suite à donner», a-t-il indiqué.
dkane@lequotidien.sn