Il n’a jamais voulu dialoguer avec le régime, du moins en public. Emprisonné et écarté de la Présidentielle, Sonko parle avec Macky à travers des émissaires et sort de prison à la suite d’une loi d’amnistie dont l’abrogation a été annoncée par le Premier ministre lors de sa Déclaration de politique générale tenue vendredi dernier.
«Si je ne suis pas candidat, il n’y aura pas d’élection.» Ousmane Sonko, invité de France 24, dans l’habit du futur Président, menace. Il est arrêté 7 mois avant la Présidentielle pour vol de téléphone dans le plus grand calme. Sa supposée grève de la faim en prison, la sortie de ses épouses et tous les débats médiatiques qui s’en ont suivis n’ont pas libéré Ousmane Sonko. Il assiste de manière impuissante à l’invalidation de sa candidature en prison. Le duel contre Macky Sall semble enfin tourné en faveur du locataire du Palais qui en profite pour envoyer des piques lors du Dialogue national. Sonko en prison alors que ses principaux alliés échangent avec le pouvoir pour dessiner les conditions de leur retour politique. Des négociations que Ousmane Sonko ne manque pas de dénoncer. L’isolement du «Patriote» en chef semble effectif. La classe politique se penche sur les dispositions à modifier dans le Code électoral et Sonko n’est audible qu’à travers les communiqués de ses avocats et de son parti qui n’existe plus officiellement.
Sonko et le saint dialogue qui le libère de prison
C’est la situation du moment. Mais officieusement, des tractions se font en coulisse. Sonko, qui a désavoué Barthélemy Dias, initiateur du dialogue politique, qui remet dans la course présidentielle Karim et Khalifa, échange avec Macky Sall dans le plus grand des secrets. Ses partisans qui sont dépassés réfutent toute idée de dialogue avec le pouvoir. En plein Conseil des ministres, Macky Sall informe ses collaborateurs d’un projet de loi portant amnistie des faits politiques entre 2021 et 2024. Malgré la réticence de certains ministres, Macky Sall avance et met en branle l’Assemblée nationale. Pastef ne vote pas le projet de loi. Conséquence : les prisons commencent à se vider. Et Pastef commence à entrevoir une sortie de Ousmane Sonko. Finalement, avec Diomaye, ils sont libérés et s’empressent de faire une conférence de presse. La cible n’est plus Macky Sall. C’est Amadou Ba. Il admet qu’il y a eu des échanges avec Macky et soutient n’être d’accord sur rien. L’homme oublie, le temps de la campagne électorale, Macky Sall, et tire sur Amadou Ba. C’est ce que certains appellent le protocole du Cap Manuel.
Aujourd’hui, c’est du passé. Le nouveau régime, qui solde ses comptes avec son prédécesseur, a décidé d’abroger la loi d’amnistie pour éclairer au grand jour les évènements de mars 2021 et juin 2023. En attendant, l’Etat a débloqué 5 milliards F Cfa pour indemniser ses victimes. Une opération escortée de cris d’orfraie dans ses propres rangs.
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn