Après plus d’un siècle d’existence, l’hôpital A. Le Dantec suspend ses activités pendant dix-huit mois. Sa reconstruction, selon le plan concocté, dénote de la discrimination sous forme de lésion d’un national choisi par les travailleurs, en faveur d’un Espagnol. Le déroulement du plan décrié aboutit à des séries de lacunes.
Ainsi, il y a un chapelet de problèmes tant dans la prise en charge des patients que dans l’organisation matérielle du circuit ou parcours. Le redéploiement des services proposé verse dans l’irrationalité et laisse apparaître de nombreuses imperfections à la lumière du communiqué du ministère de la Santé et de l’action sociale du 10 août 2022.
D’abord, il y a un problème dans la prise en charge des malades ambulatoires. L’hôpital peut délocaliser les prestations dans d’autres centres médicaux. Mais quel sort réservé aux urgences médicales et malades bénéficiant de rendez-vous médicaux qui se présentent à l’urgence ? Ils peuvent arriver un beau matin et voir l’hôpital fermé ; et pire encore, ils ne sauront pas où sont transférés leurs dossiers déjà détenus par l’hôpital, qui contiennent toutes les analyses pour la suite de leurs traitements. Comment ces malades pourraient-ils s’orienter par rapport à leurs dossiers ?
Ensuite, l’hôpital emploie des personnes contractuelles et parmi elles, 60% n’ont pas de contrats déterminés et vivent au jour le jour avec l’aide de connaissances pour pouvoir travailler au sein de l’hôpital. Pour la réintégration du personnel, ces gens vont se retrouver sans emploi et ne sauront jamais à qui s’adresser. Le principe fondamental de la protection des droits des travailleurs est ainsi violé. Les partenaires ne sont pas associés à la prise de décision. Et même dans le déroulement du plan sordide, les actes administratifs ou réglementaires ne sont pas pris en compte ni en amont ni en aval, selon les travailleurs (décrets, arrêtés ou notes de service).
Et l’autre aspect important, c’est l’impossibilité de relocaliser ces pharmacies internes au sein de l’hôpital pour la fourniture de médicaments. Du coup, ce personnel va aussi se retrouver au chômage. On ne parle même pas de tous ces prestataires pour agents de sécurité, nettoiement et autres.
Pour réformer un hôpital, on n’a pas besoin de déménager les malades. Il faut un plan qui permet des déploiements internes entre départements, à l’intérieur de l’hôpital même. C’est réalisable sans perturbations ou anarchie.
Le ministère de la Santé est dans son rôle de bon communicant pour se protéger. Mais la pratique ne sera jamais conforme à leur théorie. La politique de la santé publique dans son ensemble connait des difficultés récurrentes.
Comment peut-on déplacer des malades vers des hôpitaux non encore fonctionnels ? L’hôpital Aristide Le Dantec ne doit pas être construit suivant le plan espagnol.
Les autorités doivent adopter le premier plan qui consiste à réfectionner service après service sans perturbation du fonctionnement.
C’est une méthode désuète pour réformer un hôpital en 2022 et les Sénégalais vont en pâtir davantage. En effet, la gouvernance orthodoxe commande un plan continu de réforme des structures de santé. Elles doivent évoluer au minimum tous les 5 à 10 ans en termes de classification. Et lorsque nos dirigeants nous parlent de luxe, la performance reste de mise avec une plateforme médicale moderne plutôt que dans la structure des bâtiments elle-même.
On aurait plus besoin d’une faculté de médecine ou d’un centre de recherche médicale dans ces trois hectares vendus, que d’un hôtel. Nos gouvernants manquent de réalisme.
Le principe sacro-saint de l’accès équitable aux soins de santé doit être respecté pour tout citoyen.
Ibrahima DIOP
Président du Mouvement Jammi Senegaal
Dsi adjoint de l’Aphp (Agence publique des hôpitaux de Paris)
Responsable de la sécurité de la messagerie Exchange de l’Aphp