C’est le temps des engagements et des promesses. Et la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) l’a bien compris en interpellant les représentants des cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février autour du thème : «Quels engagements de financement pour une éducation/formation de qualité inclusive et accessible à tous.» Les acteurs de l’école ont exprimé leurs doléances aux représentants des candidats qui ont, à leur tour, pris des engagements pour une école sénégalaise de qualité.
Les représentants des cinq candidats face à la Société civile, aux syndicats d’enseignants, aux élèves et aux parents. Une interpellation citoyenne autour du thème : «Quels engagements de financement pour une éducation/formation de qualité, inclusive et accessible à tous.» Mais cette fois-ci, les acteurs sont formels. «Nous voulons des garanties par rapport aux engagements que vous avez pris ici», exige presque Saourou Sène, Secrétaire général du Saems-Cusems. Visiblement, le syndicaliste n’accorde pas trop de crédit aux propos et autres engagements des politiciens et leur rappelle ceci : «Nous nous soumettons toujours à cet exercice et au finish rien de concret.»
Un rituel qu’il faut malgré tout faire. Et c’est la représentante de la Société civile qui ouvre le bal des complaintes. Elle voudrait une solution pour les enfants hors du système éducatif estimés à plus de 1,5 million. Elle a aussi pointé du doigt la situation de crise quasi permanente de l’école, source de tous les maux notamment la baisse progressive de la qualité des enseignements, du niveau des élèves, le quantum horaire jamais atteint non sans évoquer le maintien des filles à l’école qui, selon elle, constitue un gros souci.
Mame Diarra Gueye, élève en classe de Terminale au lycée Limamoulaye, représentante des élèves, lui emboîte le pas. «Nous sommes 5 millions de jeunes dont l’avenir est constamment remis en question à cause des grèves et cela depuis plus de 10 ans», note-t-elle. Poursuivant, elle demande aux candidats des solutions efficaces et définitives pour les difficultés évoquées, notamment sur la pacification de l’espace scolaire, l’éducation inclusive, la gestion et la gouvernance du système éducatif.
Quant au représentant des syndicats d’enseignants, Abdou Faty, il a procédé à l’évaluation de la dette de l’Etat envers les enseignants et estime la somme à plus de 70 milliards de francs Cfa. Et selon le syndicaliste, cette dette résulte du refus du gouvernement d’honorer ses engagements. Aux candidats, Faty leur demande s’ils sont prêts, une fois élu, à mettre en œuvre une sorte de plan Marshal pour l’école et solder la dette. Son collègue Dame Mbodji, pour sa part, interpelle les politiciens sur la nécessité de revisiter le programme scolaire enseigné depuis les indépendances. «Nous voulons un programme qui revisite notre histoire et qui reflète nos valeurs», lance-t-il. Saourou Sène, Secrétaire général Saems/Cusems, appuie pour dire qu’ils «en ont assez d’enseigner aux enfants Molière, François 1er et autres Lamartine» alors que ce pays regorge de figures historiques de la trempe de Thierno Souleymane Baal, El Hadji Omar, El Hadji Malick Sy, Khadim Rassoul, etc.
Les syndicalistes veulent aussi que les candidats se prononcent sur le système «inique» de rémunération de la Fonction publique, sur l’enseignement religieux. Pour eux, la modernisation des daraas n’est pas une solution. Ils estiment que l’enseignement religieux doit être inclus dans le système éducatif formel de manière à ce que les parents d’élèves, musulmans ou catholiques, ne sentent plus le besoin d’aller dans les daraas ou ailleurs pour apprendre à leurs enfants le Coran ou la catéchèse.
Le représentant de Benno bokk yaakaar, qui a défendu son bilan sans trop entrer dans les détails, promet la continuité et a rappelé l’importance de l’éducation pour le candidat Macky Sall.
Abdou Rahmane Diouf, représentant de la coalition Idy2019, a rappelé le 7ème point de la vision programmatique de son candidat qui s’appelle «Sénégal instruit». Un programme qui prend en charge l’éducation, de la maternelle au doctorat. Par rapport à la dette de l’Etat à l’égard des enseignants, sa coalition s’est engagée à la payer au bout de 2 ans. «Nous avons évalué et réfléchi de la manière dont nous allons résorber cette dette», promet-il.
Madjeye Mbodji de la coalition «Sonko président», le représentant de Madické Niang et celui du Pur ont aussi pris des engagements et promis d’œuvrer pour une école performante et de qualité.