Si la Chambre criminelle suit le réquisitoire de l’Avocat général, Pape Alioune Fall, présumé meurtrier de Binta Camara, et poursuivi pour meurtre et tentative de viol, va passer le restant de ses jours en prison. La réclusion criminelle à perpétuité, c’est la peine qu’a été requise hier contre l’accusé par le ministère public.

Pape Alioune Fall, présumé meurtrier de Binta Camara, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Telle est la peine requise à son encontre par l’Avocat général lors de son procès hier devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tambacounda.  Pape Alioune Fall s’est employé, devant la barre, à nier les faits. Mais, il va être perdu dans ses dénégations par ses aveux antérieurs à la police et chez le juge d’instruction.
Sur les circonstances qui l’ont conduit dans la maison de la victime, il soutient que le domicile était comme le sien et qu’il y allait souvent discuter avec le vigile. «Je suis un militant du père de la victime, je n’avais pas de sens interdit dans le domicile. Ce jour-là, j’y suis allé pour demander des comprimés à Binta, j’avais des céphalées. Arrivé au portail, je l’ai appelée pour qu’elle m’ouvre la porte. Elle m’a répondu et est venue ouvrir», se souvient-il. Avant de poursuivre : «Nous sommes allés au salon et avons démarré une discussion politique. A un moment, elle m’a empoignée et giflée. Je l’ai retenue et essayé de la raisonner. Elle est allée dans la chambre, je l’y ai trouvée et elle a repris ses agressions. Je l’ai repoussée. C’est en ce moment qu’elle a cogné sa tête sur le lit et du sang giclait.»
A la question de savoir qu’est-ce qui a pu dégénérer au point que la victime l‘empoigna ? Marquant un temps d’hésitation, il répond : «C’est parce qu’elle a été outrée par ce que je disais sur son père comme quoi, il s’occupait beaucoup plus des jeunes filles que des militants de la 1ère heure.»
Toutefois, les témoignages ne lui seront pas favorables. Toutes les personnes appelées à la barre ont témoigné à charge.
Les avocats de la partie civile, de leur côté, rejettent la thèse de la mort par coups et blessures ayant entraîné la mort. «Il a volontairement et manifestement donné la mort à Binta», a plaidé une des robes noires défendant les intérêts de la famille Camara. L’avocat ira même jusqu’à dire que la lutte entre le bourreau et la victime aura duré 35 mn. «Alioune Fall a singé la mort de Binta devant la famille et les populations se sont révulsées», dénoncent les avocats de la partie civile. Pour eux, il est coupable des faits et doit recevoir la sanction exemplaire. «Pour les dommages et intérêts, la partie civile a juste réclamé le franc symbolique», a laissé entendre, Me Seyba Danfakha, avocat de la partie civile.
La défense, quant à elle, n’est pas du même avis. «L’accusé n’est pas un criminel. Il s’agit d’un accident par maladresse qui a abouti à une mort», a tenté d’expliquer Me Ciré Ly. Défendant son client, Me Ly dira à la Chambre criminelle que la victime s’est emportée sur son bourreau après que celui-ci a dit que son père s’occupait mieux des femmes que des militants de la 1ère heure. «Epargnez-lui d’une peine avilissante de viol. Et pour le meurtre, il ne l’a pas voulu», plaide l’avocat de la défense. Il a aussi sollicité la clémence de la chambre.
L’affaire est mise en délibéré pour le 2 juillet.