A Tambacounda hier, le procureur de la République en charge du dossier de Bougane Guèye n’a pas trop traîné au sujet du traitement réservé à celui-ci. Les faits visés, relevant des flagrants délits, le maître des poursuites a décidé, donc, de placer sous mandat de dépôt le président du mouvement «Gueum sa bopp», patron du groupe de presse D Média et membre de la coalition électorale «Sam sa kaddu». Ainsi, Bougane Guèye, qui a passé hier sa première nuit à la Maison d’arrêt et de correction de Tambacounda, après son transfèrement vers la capitale du Niani par les éléments de la Brigade territoriale de Bakel, s’est vu notifier par le magistrat du Parquet les délits qui lui valent son placement sous de mandat de dépôt : «refus d’obtempérer», «rébellion» et «outrage à ageant de la force publique».

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Méditant depuis cette décision du maître des poursuites, le candidat aux élections législatives anticipées du 17 novembre prochain, fera face au juge des flagrants délits, après une dizaine de jours d’incarcération, le mercredi 30 octobre 2024, pour son jugement. Samedi, Bougane Guèye et ses alliés, Anta Babacar Ngom et Thierno Bocoum, avaient été sommés d’arrêter leur cortège à Bakel, au moment où ils acheminaient des vivres pour les sinistrés. Les hommes en bleu leur ont fait comprendre que le chef de l’Etat devait effectuer une visite dans la zone et qu’à ce propos ils ont reçu des instructions. Ce que n’a pas partagé le leader de «Gueum sa bopp», qui subira des brutalités avant d’être mis aux arrêts par les pandores de Bakel. En attendant le procès de M. Guèye, le calme n’était pas l’ambiance dominante qui prévalait hier aux alentours du Tribunal de Grande instance de Tambacounda.

Attendu pour son face-à-face avec le procureur en provenance de Bakel, Bougane Guèye est arrivé à 12h 50mn au Tribunal de Grande instance de Tambacounda. Sous une forte escorte. Ses partisans, qui ont très tôt envahi la devanture du Tribunal régional, sont venus le soutenir. «Libérez Bougane», scandent-ils. Les partisans de Ousmane Sonko, les «Patriotes», ne les laisseront pas tranquilles. De leur côté, ils ont crié à tue-tête, «Sonko rek, Sonko rek». Barthélemy Dias, maire de Dakar et tête de liste nationale de la coalition «Sam sa kaddu», lui, a été sévèrement hué par les militants du parti Pastef. De quoi créer l’ire de ses partisans et surtout sa garde rapprochée. Des échauffourées vont éclater. Les gardes du corps de Barthélemy Dias et les «Patriotes» se donnent en spectacle. Des coups de poing fusent de tous bords.

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Heureusement, la police veille au grain. Elle s’interpose entre les deux camps. Les membres du parti Pastef demandent la condamnation de Bougane Guèye pour son acte jugé anticonformiste et antirépublicain. «Qu’il paie pour ça», s’écrient les jeunes pro-Sonko. L’autre camp, opposé, exige la libération de Bougane Guèye. «C’est une atteinte aux libertés publiques et individuelles», «c’est le recul de la démocratie», «personne ne peut nous intimider». Voilà, entre autres, les messages prononcés par Barthélemy Dias. Parmi les soutiens de Bougane Guèye, il y avait le président du Conseil départemental de Tambacounda et tête de liste départementale de la coalition électorale «Takku Wallu Senegaal», Mamadou Kassé, le maire de Dakar, Barthélemy Dias, le président du mouvement Agir, Thierno Bocoum, Pape Djibril Fall du parti «Les Serviteurs» et d’autres responsables de la coalition «Saam sa kaddu». 12h 50mn, le pick-up de la Brigade territoriale de Bakel débarque au Tribunal. Les policiers ont fait le job en s’interposant entre les deux camps en conflit. La voie est bien dégagée pour le passage du cortège chargé de convoyer le mis en cause.

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A 12h 52mn, Bougane est sorti du pick-up. Habillé d’une chemise verte et d’un pantalon jean de couleur marron, il n’a pas l’air ahuri. Cependant, il ne fait aucun signe à ses partisans et autres souteneurs. Peut-être parce qu’éprouvé par les conditions du voyage.  Il est directement conduit au bureau du procureur. Il n’y fera pas 2mn pour ressortir accompagné des pandores. Destination, la cave du Tribunal de Grande instance de Tambacounda. Aucun mot prononcé, aucun signe à destination de ses partisans et autres souteneurs. Dehors, attendent ses soutiens. Sous un soleil de plomb. Il fait excessivement chaud ce jour. Ce que craignent beaucoup de partisans de Bougane qui se demandent s’il pourra soutenir la canicule à l’intérieur de la cave.
Par Abdoulaye FALL – afall@lequotidien.sn