Taux de croissance : Les partenaires pour une évaluation des impacts

La situation macroéconomique du Sénégal s’est améliorée en 2017. Selon le ministre du Budget, Birima Mangara, la croissance a atteint 7,2% contre 6,2% en 2016. Une croissance portée principalement par le secteur primaire qui a connu une hausse de 12,9% et le tertiaire pour 6,6%. Dans le même temps, les ressources budgétaires enregistrent une progression de 3,1% pour s’établir à 1 844,9 milliards de francs Cfa contre 1 788,6 milliards en 2016.
Ces chiffres ont été présentés à l’occasion de l’atelier de validation de la Revue annuelle conjointe (Rac) 2018, présentant l’état de mise en œuvre de la politique économique et sociale en 2017. Pour Birima Mangara, «globalement, l’année 2017 a été marquée par un regain de dynamisme qui s’est traduit par la relance des activités industrielles, ainsi que la vigueur des activités de construction et des services financiers». Le ministre note que dans les différents secteurs, les résultats sont satisfaisants. Il souligne ainsi que «l’agriculture est dans une dynamique de transformation».
Le rapport de la Rac relève que la valeur ajoutée du sous-secteur de l’agriculture est passée de 1 020,8 milliards de francs cfa en 2016 à 1 127 milliards en 2017, soit une progression de 10,4%. Dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, les tendances sont bonnes, même si des efforts doivent être faits pour préserver la ressource.
Pour l’énergie, les efforts se traduisent, d’après le ministre en charge du Plan Sénégal émergent (Pse), Dr Cheikh Kanté, par l’arrivée de 120 mw d’énergie solaire supplémentaire, grâce aux centrales de Bokhol, Malicounda, Merina Dakhar et Kahone. Dans le domaine des transports, le coordonnateur de la direction générale de la Planification et des politiques économiques, Mayacine Camara, note qu’aujourd’hui, 70% de la population rurale vivent à moins de 2 km d’une voie praticable.
Dans les secteurs sociaux par contre, le ministre du Budget note «des progrès mitigés, malgré des performances dans la mise en œuvre de certains programmes». Il s’agit des secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle qui restent en deçà des prévisions du fait de la faible efficacité des dépenses et du non-respect du quantum horaire.
«Bonnes performances économiques»
Si les acteurs présents, Partenaires techniques et financiers (Ptf), secteur privé, collectivités territoriales et société civile, ont tous salué les performances économiques, des observations ont été aussi faites. Ainsi, l’ambassadrice du Canada à Dakar, qui assure la coordination du groupe des Ptf, attire l’attention sur la pléthore de données chiffrées contenues dans la Rac. «La Rac est une étape importante, puisque le Sénégal prépare la phase II du Plan d’action prioritaire de la deuxième phase du Pse. Et nous avons souligné les bonnes performances sur le plan économique, mais nous avons aussi noté que nous souhaiterions voir une continuation dans les analyses de ces performances économiques pour s’assurer que ça se traduise bien en réduction de la pauvreté, en création d’emplois et de services pour les citoyens». Selon Mme Lise Filiatrault, des analyses plus exhaustives et une présentation selon la participation au Pib donneraient une meilleure visibilité. De même, souligne-t-elle, il serait bénéfique de mener une analyse approfondie pour mesurer l’impact des taux de croissance enregistrés ces trois dernières années sur la réduction de la pauvreté. Cette préoccupation est aussi celle de la société civile. Les représentants de cette dernière proposent ainsi un rapport alternatif sur les impacts des politiques publiques et de la perception de ces politiques. Le président de l’Association des présidents de département du Sénégal n’a pas manqué de souligner la nécessité de mieux intégrer les collectivités territoriales dans la deuxième phase du Pse qui démarre en 2019. Il note par ailleurs que sans chaîne de valeurs, l’agriculture ne pourra pas atteindre ses objectifs. «La production ne doit pas être l’objectif dans le secteur agricole. Pour un changement structurel, il faut que la commercialisation et la transformation soient réalisées», souligne M. Adama Diouf.
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