Taxation tous azimuts : Le Trésor de guerre du Pres

Les consommateurs, qui vont payer en espèces au niveau de certains services, doivent désormais verser 1% de pour le compte de l’Etat. En attendant l’instauration d’une taxe de 0, 5% sur les transferts d’argent, après celles sur le tabac et l’alcool déjà en vigueur, ils doivent serrer la ceinture pour financer le Pres.Par Bocar SAKHO –
Après Orange, Auchan, et Canal+ qui n’a pas hésité à répercuter sur les consommateurs le montant de la redevance qu’il verse désormais à l’Etat sénégalais, la Sen’Eau est entrée dans la danse. Dans un communiqué publié hier, la société de distribution d’eau annonce à ses clients l’entrée en vigueur d’un droit de timbre de 1% sur tous les paiements effectués en espèces, conformément à la loi n°2025 du 27 septembre 2025. Selon elle, cette taxe est applicable depuis le 4 octobre 2025 et concerne tous les montants réglés en espèces, sans exception. Ainsi donc, le droit de timbre sera perçu directement par les sociétés pour le compte de l’Etat, avant d’être reversé intégralement au Trésor public.
Ces mesures sont issues de la réforme née de l’adoption, par l’Assemblée nationale, du nouveau Code général des impôts. Si elle «vise à consolider les finances publiques par une mobilisation accrue de ressources endogènes, en explorant de nouvelles niches fiscales», les consommateurs se retrouvent avec une double taxation. Car il faut ajouter ce droit de timbre de 1% aux 18% de la Tva.
L’Assemblée nationale a adopté il y a quelques semaines, le projet de loi n°17/2025 modifiant la loi n°2012-31 du 31 décembre 2012 relative au Code général des impôts. Parmi les principales mesures, figure l’instauration d’une taxe de 0, 5% sur les transferts d’argent, plafonnée à 2000 F Cfa par opération, avec des exonérations prévues pour les petits retraits et certaines transactions électroniques. Car les transferts de moins de 20 000 F Cfa ne sont pas concernés par cette nouvelle taxation, qui suivra celles sur le tabac et l’alcool qui ont déjà connu une hausse depuis plusieurs jours.
Aujourd’hui, le Plan de redressement économique et social (Pres), initié par l’Etat pour faire face à la crise qui étreint le pays, se déploie. Dès le départ, le ministre des Finances et du budget avait annoncé que le financement du Pres est «principalement adossé à l’optimisation de la mobilisation des ressources endogènes, qu’il convient de rechercher en explorant, entre autres, de nouvelles niches fiscales à grandes capacités contributives à l’effort de développement économique et social».
En Conseil des ministres hier, le président de la République a demandé à son gouvernement de procéder «à l’évaluation des mesures et impacts» du Pres, tout en invitant le Premier ministre à veiller à «la maîtrise des prix des denrées alimentaires et services de consommation courante, la préservation du pouvoir d’achat des ménages, la justice sociale et la protection des groupes vulnérables».
Il faut savoir que le Pres prévoit un effort d’ajustement de 6 400 milliards F Cfa sur quatre ans sur la période 2025-2028, reposant principalement sur la rationalisation des dépenses, le recyclage d’actifs publics, la mobilisation fiscale, ainsi que sur de nouveaux instruments de financement endogène.
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