TEHERAN – Après la mort du général Qassem Soleimani : La rue iranienne dénonce les «crimes» américains

Des dizaines de milliers de personnes manifestent hier vendredi à Téhéran pour dénoncer les «crimes» américains, a constaté un journaliste de l’Afp. Cette mobilisation fait suite à la mort du général iranien Qassem Soleimani, figure clé de l’influence de la République islamique au Moyen-Orient, tué dans un raid américain tôt hier, à Bagdad.
Après la prière, une foule a rempli des rues du centre de la capitale iranienne, scandant «Mort à l’Amérique» et brandissant des portraits de Qassem Soleimani. Ce dernier était à la tête de la force al-Qods, entité en charge des opérations extérieures au sein des Gardiens de la révolution, l’Armée idéologique iranienne.
«L’axe du mal, ce sont les Etats-Unis»
Femmes et hommes, certains âgés, ont défilé en brandissant notamment des portraits du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. «L’axe du mal, ce sont les Etats-Unis, le leitmotiv de la religion et du Coran est : mort à l’Amérique», ont-ils scandé en chœur. «Ô leader de notre Révolution, condoléances, condoléances», ont-ils poursuivi.
L’agence officielle Irna a rapporté des défilés similaires dans les villes d’Arak, Bojnourd, Hamedan, Hormozgan, Sanandaj, Semnan, Chiraz et Yazd.
Un homme-clé
Pour ses partisans comme pour ses détracteurs, Qassem Soleimani, qui a joué un rôle important dans le combat contre les djihadistes, est l’homme clé de l’influence iranienne au Moyen-Orient : il a renforcé le poids diplomatique de Téhéran, notamment en Irak et en Syrie, deux pays où les Etats-Unis sont engagés militairement.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis de le «venger» et décrété un deuil national de trois jours. «Il n’y a aucun doute sur le fait que la grande Nation d’Iran et les autres Nations libres de la région prendront leur revanche sur l’Amérique criminelle pour cet horrible meurtre», a promis le Président Hassan Rohani. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a évoqué un «acte de terrorisme international des Etats-Unis».
Mike Pompeo veut la «désescalade»
Le raid américain a également suscité l’inquiétude à travers le monde, les principales chancelleries, notamment en Europe, appelant au calme. Le Président irakien Barham Saleh a appelé «tout le monde à la retenue», tandis que le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi a estimé que le raid américain allait «déclencher une guerre dévastatrice en Irak».
Aux Etats-Unis, l’influent sénateur républicain Lindsey Graham, proche allié de Donald Trump, a salué «l’action courageuse» du Président américain «contre l’agression iranienne». Pour la présidente de la Chambre des représentants, la Démocrate Nancy Pelosi, l’attaque contre Soleimani représente «une escalade dangereuse dans la violence».
Le chef de diplomatie américaine Mike Pompeo a au contraire affirmé que les Etats-Unis souhaitaient la «désescalade» après la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué dans un raid américain. Le secrétaire d’Etat a indiqué sur Twitter s’être entretenu avec Yang Jiechi, plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la politique étrangère, de «la décision de Donald Trump d’éliminer Qassem Soleimani en réponse à des menaces imminentes pour des vies américaines». «Je lui ai rappelé notre engagement à la désescalade», a-t-il ajouté.
Un porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a affirmé que Pékin demandait «à toutes les parties concernées, en particulier aux Etats-Unis, de garder leur calme et de faire preuve de retenue».
Les Etats-Unis avaient le «droit» de «se défendre», a pour sa part commenté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, félicitant le Président américain Donald Trump. Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, grand allié de l’Iran, a promis «le juste châtiment» aux «assassins criminels» responsables de la mort du général.
Le Temps