Alors que le paysage audiovisuel national est dominé par les querelles sur les droits de retransmission des matchs du Mondial en Russie, le Cnra est monté au créneau pour annoncer qu’il est prêt à sanctionner toute diffusion sans les droits légaux. Une mise en garde qui, sans citer qui que ce soit, ne pourrait que concerner la Rts ou la Tfm. De son côté, Canal+ Afrique, qui diffuse sur satellite, a pris toutes les dispositions pour satisfaire les spectateurs africains intéressés par les équipes du continent.
A quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde de football de 2018 en Russie, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a tenu à mettre en garde les chaînes n’ayant pas acquis les droits contre toute retransmission ou diffusion des matchs de cette compétition sportive mondiale. «La retransmission ou la diffusion de ces matchs des compétitions sportives internationales est conditionnée par l’acquisition de droits qui y sont relatifs», précise le communiqué de la Cnra qui appelle «les éditeurs et opérateurs audiovisuels à s’interdire toute retransmission ou diffusion illégale des compétitions de la Coupe du monde de football Russie 2018».
En cas de non-respect, le Cnra rappelle que la violation des règles relatives à la concurrence expose les contrevenants à des sanctions pécuniaires, allant de deux à dix millions de francs Cfa, et à une suspension temporaire des émissions, voire même un retrait de la licence. «Les chaînes ne bénéficiant pas d’autorisation de commercialisation ou de diffusion» ont l’obligation de «respecter les droits des opérateurs qui ont l’exclusivité de distribution et/ou de diffusion des matchs», souligne le régulateur.
Cette mise au point intervient en pleine polémique entre la Radiodiffusion télévision du Sénégal (Rts), la chaîne nationale, et le Groupe Futurs médias (Gfm) qui, tous deux, revendiquent l’exclusivité de la retransmission des matchs du Mondial de Russie 2018. La polémique s’était accentuée quand la Rts a affirmé que le groupe rival s’était arrangé pour «détourner» son droit de retransmission du match amical qui opposait le Sénégal au Luxembourg. D’ailleurs, à ce jour, chaque chaîne continue de faire de la publicité pour s’attribuer «l’exclusivité des retransmissions des matchs du Mondial au Sénégal».
Canal+ Afrique affiche son dispositif
Un autre protagoniste dans cette affaire continue de son côté de poser ses actes, sans sembler s’intéresser au combat des diffuseurs sénégalais. Il s’agit de Canal+ Afrique. Son directeur général pour le Sénégal, M. Sebastien Punturello, a organisé un «ndogou» de presse le mercredi dernier pour faire connaître au public sénégalais les dispositions mises en place pour faire vivre aux abonnés de la chaîne le Mondial de Russie jusque dans les coulisses des matchs.
En présence des spécialistes sénégalais du football de la chaîne, à savoir les anciens internationaux Diomansy Kamara et Habib Bèye, le directeur des Sports de Canal+ international, Pierre Chaudesaygues, a souligné que tout a été mis en place pour suivre de près chacune des équipes africaines qualifiées, et surtout celle du Sénégal. Cela s’était déjà vérifié avec des émissions spéciales organisées pour couvrir la manière dont les habitants de Bambali, village de Sadio Mané perdu dans la Casamance profonde, ont pu suivre les exploits de leur fils lors de la finale de la Champions League qui opposait son club de Liverpool au Real Madrid entraîné par Zinedine Zidane.
Cela s’est confirmé par le spécial «Talents d’Afrique» qui a suivi le regroupement des Lions de la Téranga à Vittel en France et permis aux supporters de l’Equipe du Sénégal de voir l’état d’esprit et de préparation des joueurs du sélectionneur Aliou Cissé.
Par tous ces biais, la chaîne Canal+ Afrique veut démontrer aux téléspectateurs sénégalais que, même sans le dire, elle possède les droits de retransmission des matchs de la Coupe du monde dans cette partie du monde. La différence qui pourrait être notée est celle relevée par la Rts qui parle des «droits de diffusion terrestres». Une manière subtile de montrer que Canal+ Afrique, elle, diffuse par satellite et ne peut donc pas logiquement se positionner comme concurrente de la télévision nationale du Sénégal.
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