La région de Fatick a été elle aussi affectée par la catastrophe, qui est survenue mercredi dernier en début de soirée avec le crash d’un hélicoptère de l’Armée. Non pas parce que l’accident s’est produit dans les limites de la circonscription administrative, mais parce qu’un fils du terroir y a laissé sa vie. Il s’agit du sergent-chef Thiendella Fall surnommé Zoro, pilote de l’appareil, lequel en s’écrasant a fait 8 morts et 12 rescapés.
Les habitants du quartier Mboubane dans la commune de Fatick se sont réveillés hier dans une douleur indicible. Ils sont orphelins de leur fils le sergent-chef, Thiendella Fall, qui fait partie des huit passagers qui ont péri mercredi dernier en début de soirée dans le crash de l’hélicoptère militaire sénégalais de type Mil Mi17 1E immatriculé 6W-Hta, qui s’est écrasé à Missirah dans la commune de Toubacouta. Dès les premières heures de la matinée d’hier, la mauvaise nouvelle s’est répandue dans la cité de Mame Mindiss comme une trainée de poudre. Ainsi, parents, voisins et simples curieux ont pris d’assaut la maison des «Fall», pour compatir à la douleur de la famille éplorée. Meurtri mais digne, Mamadou Fall, un enseignant à la retraite et père de Thiendella qui pilotait ledit appareil, a malgré tout accepter de parler de son «zoro» qui l’a quitté à jamais sans crier gare. Voici son témoignage.

«J’ai appris la nouvelle du crash vers 20H à travers la presse. Aussitôt après, j’ai interpellé la femme de Thiendella (Ndlr : Ndèye Dib Diouf) qui est était ici cette semaine en lui demandant où était son mari et elle m’a répondu qu’elle l’avait laissé à Dakar. Je lui dis : «Ah bon est-ce qu’il a appelé !» Elle a dit que son mari l’a appelée avant-hier (mardi) pour lui dire qu’il préparait un vol sur Ziguinchor. Je lui ai encore demandé si c’est tout ce qu’elle sait de lui et elle a répondu par l’affirmative tout en me demandant de patienter le temps qu’elle s’informe. Quelques instants après, elle est revenue me dire que l’hélicoptère qui s’est écrasé est celui piloté par son mari. J’étais presque muet. Automatiquement, j’ai appelé mon fils aîné Al Ousseynou qui me dit qu’il est actuellement à Dakar, se rendant chez Thiendella. Je l’informe que la femme de ce dernier est chez moi à Fatick. Ainsi il décide d’aller au camp militaire appelé GAZ pour avoir des renseignements. C’est après qu’il m’a confirmé la mort de son jeune frère (…..) La dernière fois que nous avons parlé au téléphone, c’était le dimanche dernier (…) Thiendella est né en 1986 et a fait ses études primaires ici à l’école Amadou Daly Faye, ensuite, il a fréquenté le Collège d’enseignement moyen (Cem) Thierno Mamadou Sall avant de se retrouver au Lycée Coumba Ndoffène Diouf où il a obtenu son bac S2. Après son bac, il a été incorporé dans l’Armée. Par la suite, il a subi des tests avec trois de ses camarades pour aller étudier pendant quatre ans au Maroc en mécanicien–avion. Il était mécanicien-pilote et avait le grade de sergent-chef. Je ne sais pas maintenant s’il a eu un avancement par la suite. Il s’est marié il y a quatre ans seulement mais n’avait pas encore d’enfant. Dans la vie, c’était quelqu’un de très correct et intelligent. Je ne l’ai jamais frappé. Vraiment c’est une très grande perte pour moi mais surtout pour son épouse. Pour le moment nous attendons de pouvoir disposer du corps afin de procéder à son enterrement.»

dndong@lequotidien.sn