Besoin de prise en charge psychologique

M. Keïta dit : «Il vrai que l’Etat a fait beaucoup d’efforts, mais il reste beaucoup à faire. Pour nous les rescapés, la priorité était la prise en charge psychologique. L’Etat devait assurer cette prise en charge psychologique, mais également la société. Parmi nous et parmi les familles des victimes, il y en a qui ont perdu la tête car c’est traumatisant. D’après les experts, 20 ans après, les séquelles peuvent se manifester, d’où la pertinence de la prise en charge psychologique, qui n’existe presque pas. C’est socialement difficile.»

Commémoration du Joola : Les orphelins héritent de la parole

L’œil méprisant de la société

«La société nous regarde d’une certaine façon. Moi, je cache mon identité de rescapé du Joola. Une fois que les gens savent que tu fais partie des rescapés, ils changent de regard à ton égard. Et on te pose tellement de questions avec des propos indécents, parfois il y en a qui te traitent de sorcier tout simplement parce que tu es un survivant. Depuis 21 ans, les autorités ne nous écoutent pas. On ne nous donne pas la parole. Pourtant, nous pouvons apporter quelque chose de positive à la société. Eu égard à ce que nous avons vécu, nous pouvons participer à conscientiser, à sensibiliser les gens sur les comportements qui ont conduit quelque part au chavirement du bateau.»

Silvie Diédhiou, orpheline de père à l’âge de 9 ans : «Depuis 21 ans, le sentiment est le même : tristesse…»
Autre récit, même tristesse. Silvie Diédhiou, orpheline de père à l’âge de 9 ans, raconte ses nuits noires peuplées de sentiment de désolation. «Le sentiment est le même depuis 21 ans. C’est ce sentiment de tristesse, de douleur, mais aussi de manque. Parce que vivre sans pére, c’est difficile. Mais nous rendons grâce à Dieu car nous, orphelins, avons grandi et sommes prêts à prendre le flambeau des mains de nos oncles qui étaient dans l’association. Nous sommes prêts à continuer le combat», dit-elle.
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