Tendance – La fuite des talents prend de l’ampleur : Après le Sénégal, le Maroc et la Côte d’Ivoire prennent leur dose

Le débat a enflé ces derniers temps au Sénégal sur la fuite des talents du foot local. Mais d’autres pays sont aussi confrontés au même problème, devenu un mal nécessaire.Par Hyacinthe DIANDY –
Le départ massif des joueurs locaux dont une bonne partie venant de Génération Foot, a alimenté les débats ces dernières semaines dans le milieu du ballon rond. Mais faut dire que le Sénégal n’est pas le seul touché. Le Maroc aussi a eu sa dose avec un départ massif de jeunes joueurs talentueux. Et pour le moment c’est la piste qatarie qui est privilégiée selon la presse marocaine.
Selon nos confrères, sous prétexte de restructuration du championnat qatari, Antero Henrique, le Directeur technique national de la Fédération qatarie, a établi une liste de jeunes joueurs, d’origine maghrébine, qu’il souhaite attirer au Qatar. Son but est de renforcer le championnat local mais avec la perspective, non affirmée et non officielle, de les naturaliser plus tard afin de les intégrer dans l’Equipe nationale de l’Emirat.
Maroc : la piste qatarie à la mode
Nommé en mars 2022, Antero Henrique est connu pour être un proche du président du Paris Saint Germain, Nasser al-Khelaïfi, dont il a été Directeur sportif entre 2017 et 2019.
Un avant-goût de ce qu’il prépare : les recrutements actés de deux joueurs : Kais Najeh, un latéral gauche de 20 ans, ancien de la sélection marocaine U17, et Youness El Hannach, milieu défensif de 19 ans. Les deux jouaient au Psg. Le premier a rejoint Al Rayyan l’année dernière et le second vient d’être recruté par un autre club qatari, Al Shamal Sc. Les deux sont d’origine marocaine.
D’autres joueurs locaux prometteurs sont dans le viseur des recruteurs qataris. La Fifa ayant à nouveau corrigé et un changement de sélection est à nouveau possible sous certaines conditions ; c’est justement cette brèche que veut exploiter Henrique pour améliorer l’offre technique du Qatar.
Pour le Maroc, un départ massif de jeunes joueurs talentueux comporte un double risque : celui de voir leur progression ralentie dans un championnat moins compétitif et celui d’un changement de nationalité sportive qui n’est pas à exclure. D’autres talents, formés cette fois au Maroc au sein de l’Académie Mohammed VI, pourraient être approchés par des intermédiaires.
Le cheminement naturel des joueurs formés localement est d’alimenter les clubs de la Botola (Ligue Pro) et pour les plus performants d’entre eux, de lancer leur carrière en Europe. Il ne faudrait pas que l’Europe ne soit qu’une escale avant un départ vers le Qatar ou d’autres Etats du Golfe qui ne manqueront pas d’imiter leur voisin dans un très proche avenir.
La première motivation des jeunes talents est d’abord sportive, ils veulent jouer dans de grands clubs, mais la motivation de l’entourage ou de la famille est souvent dictée par des considérations matérielles.
Un autre pays africain qui est affecté par cette fuite de talents, c’est la Côte d’Ivoire. En effet, selon Sportnewsafrica, plusieurs joueurs locaux ivoiriens ont déjà cédé aux sirènes étrangères. D’autres sont sur le point de les imiter. Et le site de citer Kramo Aubin qui a été l’un des premiers joueurs majeurs de la Ligue 1 à signer chez les Tanzaniens de Simba Fc, ancien club du Sénégalais Pape Ousmane Sakho qui a migré vers la Ligue 2 française. Faut noter en passant qu’un pays comme la Tanzanie attire autant de joueurs car il paie bien. L’Ivoirien de 27 ans ayant été transféré pour deux saisons dans le club tanzanien sans aucune indemnité.
Saignée à l’Asec Mimosas
Un autre joueur ivoirien a aussi choisi l’Afrique de l’Est, en l’occurrence Yao Attohoula Kouassi. Le virevoltant latéral droit international ivoirien est annoncé au club de Young Africans. Il ne reste que des détails dans les discussions.
Chez les Mimos de l’Asec, sacrés champions de Ligue 1 ivoirienne et vainqueurs de la Coupe nationale, la saignée pourrait continuer. Coulibaly Souleymane, le défenseur central titulaire indiscutable au Chan 2022, est en effet annoncé avec insistance chez un club algérien dont le nom n’a pas été révélé. Zoungrana Mohamed, qui a lui aussi été étincelant en Algérie, est convoité par un club égyptien.
Un autre international, à savoir le capitaine de LYS Sassandra, a, lui, choisi l’Afrique Centrale. Andé Cyrille Habib, c’est de lui qu’il s’agit, a opté pour l’As Vita.
Si certains ont choisi l’Afrique, plusieurs joueurs ont donc répondu favorablement aux sirènes de l’Europe. Patrick Ouotro, l’attaquant de LYS Sassandra et de la Côte d’Ivoire au Chan 2022 en Algérie, a signé à Strasbourg (France) un contrat longue durée.
L’avant-centre de 17 ans (25 matchs, 8 buts) attend sa majorité dans quelques semaines pour rejoindre le groupe désormais coaché par Patrick Vieira.
Des langues se sont déliées pour déplorer cette fuite de talents devenue inévitable. Car en fait tous les clubs (de Ligue 1) sont amenés à vendre et acheter au mercato. C’est vrai que c’est une promesse du football ivoirien, mais que peut-on faire face à des offres mirobolantes et un projet sportif qui convient ?
Cette liste n’est pas exhaustive, précisent nos confrères qui, analysant les causes de ces départs, estiment que «tous les footballeurs rêvent d’un mieux-être». Plus que sportifs, les choix des locaux sont guidés par l’aspect financier. Un mal vraiment nécessaire !
hdiandy@lequotidien.sn