Il n’y a pas que les activistes de certains mouvements de la Société civile qui s’inquiètent de la situation socio-politique actuelle au Sénégal à quelques semaines de la Présidentielle. Après Présence chrétienne, ce sont des dignitaires musulmans qui ont décidé de faire entendre leur voix, pour en appeler à l’apaisement et au dialogue. Hier, le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (abrégé par Cadre), a lancé un appel à tous les acteurs politiques, du pouvoir comme de l’opposition, pour les encourager à «avoir le sens de la responsabilité, à éviter toute forme de surenchère pouvant mener à la violence». Le président du Cadre, Cheikh Ahmed Tidiane Sy, a expliqué que des propos que profèrent actuellement des acteurs politiques, «dont certains affirment qu’il n’y aura pas de paix si leur candidat ne participe pas à l’élection, tandis que d’autres crient que ‘‘Force doit rester à la Loi’’, ne sont pas de nature à favoriser l’entente et la paix».
C’est dans cet ordre d’idées que le Cadre a rendu publique hier une déclaration, en prélude à l’élection présidentielle. Dans le document, «le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal appelle l’Etat et les acteurs politiques, chacun en ce qui le concerne, à ne ménager aucun effort pour des élections libres, transparentes et apaisées». Le président Sy a justifié leur démarche par la volonté de ne pas laisser la religion «muette par rapport aux enjeux actuels du pays». Cette posture se manifeste aussi face à tous les remous qui secouent actuellement la scène politique par l’invitation du Cadre «à tous les acteurs politiques, quel qu’en soit le bord, à une attitude républicaine en respectant les décisions des différentes juridictions en matière de validation des candidatures et de proclamation des résultats de l’élection présidentielle à venir qui doivent aussi se fonder sur les textes en vigueur, en toute impartialité».
C’est ainsi, comme l’a souligné le secrétaire général du Cadre, M. Cheikh Guèye, qu’une fois que le Conseil constitutionnel aura publié la liste définitive des candidats à la prochaine Présidentielle, des membres de cette structure iront rencontrer chacun d’eux pour d’abord les appeler à plus de responsabilité, car il s’agit de préserver l’exception sénégalaise de paix, fondée sur notre commune volonté de vivre ensemble.
Dans sa déclaration, le Cadre unitaire a indiqué que son objectif était d’«arriver à un large consensus dans le processus électoral en facilitant le rapprochement des positions des acteurs politiques, à veiller à ce que l’Administration respecte son engagement de fiabiliser le processus électoral, à assurer un rôle de médiateur dans les différends pré et post-électoraux entre les candidats».
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal se veut une structure de concertation et de consultation regroupant les comités scientifiques des différentes confréries musulmanes du pays, comme les Mourides, les Tidianes, les Qadr, les Layènes, ainsi que les Chiites, ou le Rassemblement islamique du Sénégal, la Jamaatou ibadou rahmane, qui sont considérés comme islamistes radicaux, et même les Soufistes de l’Ais. Il se dit «ouvert à tous les communautés et courants islamiques établis au Sénégal, tout en collaborant avec toutes les autres confessions religieuses qui partagent l’idéal sénégalais du vivre ensemble dans la tolérance». Comme dit plus haut, son président est un membre éminent de la famille dirigeante des Tidianes de Tivaouane, qui est secondé par des érudits issus des différentes confréries religieuses.
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