Saldé, un des plus grands arrondissements du département de Podor, dispose d’une large superficie de terres irrigables, dont seuls 6% sont aménagés.
En tournée dans la vallée du fleuve Sénégal, notamment dans les casiers rizicoles de Fanaye, Nianga, Aéré Lao et Thioubalel en juin 2020, le directeur général de la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (Saed), Aboubacry Sow, affirmait que «le département Podor a un potentiel énorme de terres irrigables, assez d’eau et un climat très favorable à l’agriculture». Mais sur les 140 mille ha de terres irrigables, seuls 30 mille sont aménagés. Ce faible aménagement est lié au fait que les arrondissements de Cas-Cas et Saldé ne disposent chacun que de 6% de ses terres aménagées sur une superficie inestimable de terres irrigables. En effet, les ¾ de cet arrondissement situé à la frontière avec la région de Matam sont constitués de terres arables et irrigables avec un important potentiel d’eau. Le fleuve Doué arrose les localités sur le semi-Diéri (localités sur l’axe sur la Rn2) et le fleuve Sénégal traverse les localités du Walo, des localités situées principalement dans l’île à Morphil. C’est l’un des arrondissements du nord qui bénéficient plus des faveurs de la nature de par sa position géographique.
Dans le cadre de la supervision de la riziculture, la Saed subdivise l’arrondissement en deux secteurs. Le secteur du Doué et celui de l’île à Morphil confiés aux techniciens de l’agriculture. Le secteur du Doué, sous la supervision de A. Sall, est constitué des aménagements en exploitation par des Unions de Gie sde Haéré Oldé Galoya pour une superficie de 68 ha, Ndiawagne Mbolo Birane avec 104 ha, de Yirlabé Thikité de 112 ha, de Wodoss Pété de 305 ha. Le secteur de l’île à Morphil supervisé par M. Diatta est essentiellement composé de périmètres irrigués villageois et l’un des plus anciens aménagements de la zone «La cuvette Saldé-Wallah» mis en valeur entre 1987 et 1988 avec une superficie de 509 ha qui a en son sein des Gie des localités de Saldé à Wallah (de plus de 6 villages) pour deux campagnes par an.
Problèmes restent entiers
Mais les problèmes restent entiers dans ces secteurs. Dans l’île à Morphil, les producteurs ne cessent de dénoncer les lenteurs notées dans la réhabilitation de la cuvette Saldé-Wallah. Les travaux démarrés depuis 2016 ne sont même à 50% de leur exécution. Ibrahima A. Anne, producteur très connu dans le secteur de l’agent Diatta, confie que de Mamoudou Dème à Aboubacry Sow, actuel Dg de la Saed, en passant par Samba Diobène Kâ, les problèmes persistent et que tous ces directeurs généraux de la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal ont toujours invoqué le manque de moyens.
Les producteurs de l’île à Morphil comme ceux du semi-Diéri déplorent aussi le coût élevé des factures d’électricité, les systèmes de pompage et de drainage non fonctionnels, eux qui avaient cru à la réhabilitation complète des aménagements de Saldé à Pathé Gallo et qui ont bénéficié d’un financement de près de 20 milliards de francs Cfa. Pour la campagne de cette année, de Saldé à Wallah, c’est moins de 60 ha qui sont mis en valeur. Un ingénieur agronome à la retraite et habitant dans cette partie défendait depuis des années que la priorité des populations dans cette zone, c’est la réhabilitation et l’extension des aménagements de Saldé à Pathé Gallo avant la construction de la route. Celle qui met fin à l’enclavement de l’île à Morphil que ces producteurs appellent par ironie route de désenclavement de la faim.
Malgré la disponibilité de bras valides, seule une superficie de 305 ha a été aménagée dont 225 ha mis en valeur pour cette campagne. Ces 225 ha ont été partagés entre 5 Gie (Pété, Lougué, Boké Dialloubé, Boké Mbaybé, Ngouye).
Une bonne partie de la superficie de 292 ha dont dispose Wodoss Pété est, selon les agents de la Saed, sous les eaux du fait des pluies et des crues du fleuve.
Des parcelles sous les eaux
Des producteurs qui avaient des parcelles dans cette partie qu’ils appellent «nimsa», (regret en pulaar), regrettent avoir perdu leurs forces sans récolter un kg de riz paddy. A l’Union Haéré Oldé Galoya, c’est le système de pompage défectueux qui risque de mettre en péril la campagne de production. L’aménagement de l’Union Diawagne Mbolo Birane, composée de 4 Gie, qui a reçu la construction de digue principale par la Saed et la réhabilitation de son grand canal à travers la coopération de la Corée du Sud, n’a pas connu pour cette compagne une mise en valeur exhaustive, car 17 ha n’y ont pas été exploités. Ces producteurs, comme tous ceux de l’arrondissement, ne manquent pas de montrer leur inquiétude par rapport aux crues du fleuve qui ont toujours inondé les parcelles, avortant presque chaque année la campagne d’hivernage.
La Saed continue d’avouer devant les producteurs de la vallée le faible taux d’aménagement des terres irrigables de l’arrondissement de Saldé et de constater que l’Union des Gie de Wodoss Pété est parmi les productrices les plus performantes du département, en rejetant la responsabilité des propriétaires terriens. Aujourd’hui, ces acteurs jugent nécessaire de revoir la politique agricole, surtout de la filière du riz avec l’implication des propriétaires terriens, mais aussi de terminer l’exécution des travaux de réhabilitation, l’extension des aménagements et promouvoir les campagnes durant la saison sèche.