La Stratégie nationale de lutte contre l’émigration irrégulière a prévu, à travers le Comité interministériel de lutte contre l’émigration irrégulière (Cilmi), de créer des comités régionaux et départementaux. Pour une territorialisation de la lutte. Le Préfet du département de Vélingara a installé, samedi dernier, le Comité local, après une présentation du projet faite par le Contrôleur général, Secrétaire permanent du Cilmi.Par Abdoulaye KAMARA –

Trouver des solutions endogènes efficaces multi-acteurs à un phénomène mondial qu’est la migration irrégulière est l’une des finalités de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière. La création par l’Etat du Sénégal du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (Cilmi) procède de la volonté de territorialisation de ce phénomène. C’est dans ce cadre qu’une mission du Cilmi, conduite par Modou Diagne, Contrôleur général police, Secrétaire permanent du Cilmi, est venue à Vélingara, samedi passé, pour installer le Comité départemental qui devra porter son combat au niveau local. Avant l’installation dudit comité par le Préfet du département, Thierno Souleymane Sow, M. Diagne a présenté le Cilmi et ses modes opératoires. Il a dit : «Le Cilmi a pour mission de coordonner et de suivre les actions des services techniques de l’Etat, des partenaires financiers et de la Société civile qui investissent le terrain de la lutte contre la migration irrégulière et de la surveillance des frontières. Le comité est également chargé d’élaborer une stratégie nationale et un plan d’action opérationnel, tout en appuyant les efforts de communication du gouvernement sur ce sujet.» Il poursuit : «Le Comité départemental fera tout ce que fait le Comité national. En plus de coordonner les actions de toutes les structures locales qui luttent contre la migration, le comité devra identifier les projets porteurs pour former les jeunes et leur trouver des financements, les former à des métiers pour leur employabilité, accompagner les migrants et aider à l’insertion des migrants de retour.» Dans le comité installé par le Préfet de Vélingara, se retrouvent des chefs des services techniques de l’Etat, des religieux, des maires, des journalistes, des membres de la Société civile, des représentants des migrants de retour et des associations de jeunes et de femmes.

Pour justifier la création de ces comités départementaux, Modou Diagne enchaîne : «Depuis plus de 20 ans, le Sénégal a connu des flux de migrants qui quittent le pays pour un hypothétique eldorado, souvent et malheureusement, avec plusieurs pertes en vie humaine, des jeunes pour la plupart. Ces 2 dernières années, le pays a perdu beaucoup de ses fils sur les routes migratoires. Alors qu’il est possible de travailler et réussir au Sénégal. C’est pourquoi on a pensé qu’il faut retourner aux communautés de base pour proposer des plans d’actions de lutte efficaces.»

Plans d’actions
Avant même l’installation du Comité départemental de lutte contre la migration irrégulière, à la suite de la communication de Modou Diagne du Cilmi, des idées et propositions faites par les participants ont des esquisses de plans d’actions et d’activités qui devront offrir aux jeunes des opportunités d’employabilité et de créations de richesses pour renoncer à l’émigration irrégulière. Pour Moussa Niang, directeur du Sport à Vélingara, «il faut évaluer toutes ces interventions faites, au niveau local, pour contrer l’émigration irrégulière, mais qui n’ont pas donné les résultats escomptés, car tous les jours nous enregistrons des départs de jeunes dont plusieurs sportifs : voir ce qui a cloché et proposer des remédiations». Selon Mme Oumou Sène Thiam, directrice du Centre de formation professionnelle (Cfp), «il faut insister sur la formation des jeunes aux métiers pour travailler ici et réussir à domicile. Des formations solides qui durent 3 à 9 mois». Un agent de sécurité pense qu’il faut «instaurer une sécurité collaborative entre les Forces de défense et de sécurité et les populations pour partager des informations et dénoncer, au besoin, les candidats à l’émigration irrégulière et les passeurs».

Selon Mama Samba Diao, président du Conseil départemental de la jeunesse : «Il faut que les communes acceptent d’offrir des terres à usage agricole aux jeunes et que l’Etat soutienne ces jeunes en mettant à leur disposition, à temps, des intrants de qualité et assurer l’encadrement et le suivi des activités agricoles de bout en bout. Que les projets et financements destinés aux jeunes reviennent exclusivement aux jeunes les plus sérieux et les plus méritants sous la supervision du Cilmi.»