Terrorisme, populisme, inclusion sociale… : LA LEÇON DE MACKY A TANGER

Primé à la 12ème édition du «Davos africain», qui se tient à Tanger au Maroc jusqu’au samedi prochain, le chef de l’Etat a cadré son discours sur le thématique de ces derniers Medays, en rappelant les fondements de la liberté, bases de la sécurité et du développement des pays. Il en a profité pour mettre en exergue les efforts de son gouvernement pour assurer l’inclusion sociale au Sénégal, et réaliser le Sénégal pour tous et l’émergence en 2035.
Le discours d’acceptation du Prix Medays 2019, qui lui a été décerné hier par l’Institut marocain Amadeus, a été pour Macky Sall, une occasion d’un fort plaidoyer pour la responsabilité de tous les citoyens, comme l’un des garants et des fondements de la liberté collective, et partant, de la démocratie et du développement, pour relever les défis posés par les incertitudes et la subversion, facteurs et causes de crises globales. En présence d’éminentes personnalités des mondes politique, économique et social, venues de différents horizons, le chef de l’Etat sénégalais a été honoré par le président de l’Institut Amadeus, M. Brahim Fassi Fihri, pour son travail à la tête du Sénégal.
Parmi les invités à la cérémonie d’ouverture du Forum Medays, qui doit prendre fin samedi prochain, on a noté la présence de Olusegun Obasanjo, ancien Président du Nigeria, de Diocounda Traoré, ancien dirigeant de la transition au Mali, du Premier ministre de Sao Tomé et Principe, sans compter des officiels marocains, ghanéens, tchadiens, palestiniens, croates, entre autres. Des intervenants, ou «speakers», sont même venus de Chine, ce qui donne une certaine indication de l’importance de cet évènement qui en est à sa douzième édition et qui se présente modestement comme le «Davos africain». Macky Sall a, en recevant le prix, déclaré : «J’y vois certes, la reconnaissance d’efforts déjà consentis, mais surtout, un encouragement à poursuivre ces efforts tant les défis sont encore nombreux dans nos pays et sur notre continent africain. A l’évidence, nous ne pourrons relever ces défis que dans un environnement de paix, de sécurité et de stabilité, qui offre la quiétude nécessaire à l’œuvre de développement économique et social».
S’épanchant sur le thème du forum, qui porte sur la «Crise globale de confiance : Faire face aux incertitudes et à la subversion», le chef de l’Etat a indiqué que «le cours de l’Histoire n’est pas rassurant, en ces temps d’antagonisme ouvert ou latent, de crise aiguë et de vulnérabilités multiples», crises qu’il s’est permis d’énumérer : environnementales, sécuritaires et humanitaires, économiques et sociales. Sur ce dernier point, il a indiqué : «Une étude récente révèle que seulement 8% de la population du monde détiendraient 86% de sa richesse. Malgré le recul de l’extrême pauvreté, plus de 850 millions de personnes vivent encore dans des conditions d’indigence absolue, ce qui rend peu probable la réalisation de l’Objectif de développement durable d’éradication de la pauvreté d’ici 2030.»
A côté de ces défis, d’autres sont également globalement inquiétants : «Je pense à la montée de l’extrémisme et du populisme, sous-tendus par les flots des fake-news et la manipulation des consciences à travers tous les continents.» Pourtant, rappelle-t-il, l’histoire a suffisamment démontré que le populisme et l’extrémisme mènent invariablement à l’impasse et à la désillusion.
Parmi ces défis inquiétants il y a toujours, selon Macky Sall, les velléités «d’hégémonisme civilisationnel. Car certains se croient investis du pouvoir et de la mission de prescrire aux autres la façon d’être et d’agir. Quelque chose que nous vivons quotidiennement dans nos Etats respectifs». Ce qui le pousse à mettre en garde : «Vouloir ériger des valeurs locales en mode de vie universelle, alors même que les sociétés humaines sont différentes par leur histoire et leur tradition, c’est méconnaître l’égale dignité des cultures et des civilisations. C’est ignorer le dialogue qui favorise le respect, la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique des peuples.» Et pour ne rien gâter, Macky Sall convoquera l’universitaire Felwine Sarr au débat, en le citant en ces termes : «Il ne saurait y avoir de droit à l’injonction civilisationnelle.» En d’autres termes, «les pluralités sociétales ne sauraient se dissoudre dans un monolithisme réducteur. Elles doivent plutôt s’inviter au rendez-vous du donner et du recevoir.»
Le chef de l’Etat estime qu’il faudrait à tous les acteurs, politiques, Société civile, secteur privé, entretenir et rétablir les fondements du «vivre ensemble, c’est-à-dire, accepter les règles du contrat social qui donnent naissance à la liberté, à la responsabilité et à la solidarité». Il a rappelé que l’essence de l’idéal démocratique, c’est le droit reconnu au citoyen de manifester et de s’exprimer librement sans être inquiété. Pour ajouter juste après que «le droit va avec le devoir. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité… Quelles que soient les opinions et les ambitions, il faut convenir que la subversion ne peut être une forme acceptable de contestation, parce qu’elle fragilise l’Etat, favorise l’instabilité et met en péril la paix, la sécurité, et finalement, la démocratie et le développement».
Macky Sall n’a pas manqué de mettre en avant ses efforts dans la volonté de réduire les fractures au Sénégal, dans le cadre de sa vision «d’Un Sénégal pour Tous». Il dit avoir mis en place «des politiques publiques d’inclusion sociale et d’équité territoriale» qu’il a largement détaillées. Ce qui lui a permis d’ajouter que les mêmes efforts sont accomplis aussi dans d’autres pays africains. Par conséquent, il a estimé que «dans sa grande majorité, et en dépit des défis devant nous, l’Afrique progresse».