Mise en scène par la Burkinabè Augusta Palenfo et présentée le 27 janvier 2024 au Carrefour international du théâtre de Ouagadougou (Cito), la pièce «Une autre vie est encore possible» aborde les problématiques de la cohabitation entre les personnes déplacées internes et les populations d’accueil.

Pour sa toute première mise en scène au théâtre, la réalisatrice Augusta Palenfo aborde un sujet assez délicat au Burkina Faso, celui de l’insertion des personnes déplacées internes dans leurs communautés d’accueil. La pièce Une autre vie est encore possible met en effet en lumière le calvaire de certains déplacés, victimes de multiples abus et agressions. Le rideau se lève sur une jeune adolescente de 15 ans nommée Balkissa, atteinte de troubles mentaux, qui marmonne son vécu. Qu’est-ce qui a bien pu arriver à Balkissa pour qu’elle se retrouve dans un tel état ? La réponse à cette question a été le fil conducteur de ce spectacle créé dans le cadre du projet «Femme en création acte 3» de l’association Wéléni. Balkissa est une jeune fille orpheline de père qui échappe de justesse à une attaque terroriste qui coûte la vie à sa mère et à sa sœur. Elle se retrouve dans un camp pour personnes déplacées internes, livrée à elle-même, et devra se battre pour survivre. L’insuffisance d’aide alimentaire amène Balkissa à faire de petits boulots pour avoir sa pitance. A travers plusieurs scènes représentant des bouts d’histoire, Augusta Palenfo dit retracer le parcours de cette jeune fille. «Cette pièce est axée sur Balkissa, une déplacée interne qui traverse des périodes très difficiles et qui finira par perdre pied et devenir folle», a-t-elle souligné.

Du camp, Balkissa travaille dans une famille en tant que ménagère, mais elle sera très vite mise à la porte pour sa compassion pour les autres déplacées qui venaient quémander de la nourriture à son lieu de travail. Ensuite, elle atterrit dans une boutique de produits cosmétiques. Après y avoir passé six mois, elle est victime d’un coup bas de son employeur pour se débarrasser d’elle sans lui verser un centime de ses six mois de travail. Pour finir, elle se retrouve dans la rue pour vendre des galettes. Pendant une de ses promenades, elle est malheureusement victime d’une agression sexuelle. Et cet instant marque le début d’une autre vie faite de troubles et de démence. Même si l’histoire semble être le quotidien de millions de personnes déplacées internes au Burkina Faso, Une autre vie est encore possible n’a laissé son public indifférent. Car la pièce est une piqûre de rappel des atrocités, des destins brisés, des souffrances de ces personnes. Mais c’est aussi un appel à la solidarité et surtout de compassion que la metteure en scène a voulu transmettre. Cette mise en scène évoque également la responsabilité des autorités quant à la protection et la prise en charge des personnes déplacées internes, souvent laissées pour compte. Une autre vie est encore possible a été créée dans le cadre du projet «Femme en création acte 3» de l’association Wéléni, bénéficiaire d’une subvention du Fonds de développement culturel et touristique (Fdct), avec l’appui financier de l’Union européenne.
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