Des dérapages verbaux de plus en plus nombreux et des scènes osées qui défraient la chronique. Malgré leurs succès, les pièces de théâtre et les séries sénégalaises font souvent l’objet de scandale. Au point que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a jugé bon de taper sur la table. Coach en théâtre, Babacar Siby condamne avec la dernière énergie ces comportements. Selon lui, des formations sont organisées pour sensibiliser les jeunes artistes qui œuvrent dans les théâtres ou téléfilms.

Le cinéma sénégalais semble avoir trouvé un créneau porteur avec la réalisation de séries et téléfilms. Ces productions nourrissent un marché assez florissant. Généralement diffusées sur des plateformes internet, leur nombre alimente une concurrence de plus en plus vive. Pour se distinguer et emporter l’adhésion des spectateurs, certaines de ces productions n’hésitent pas à user et abuser d’un langage cru. Elles vont même parfois jusqu’à exposer des scènes osées. Suffisant pour susciter de vives réactions d’organisation de défense de la morale. Même le Cnra s’est saisi de la question en mettant en garde les producteurs récemment. Coach de théâtre, Babacar Siby estime que la course à l’argent est le moteur de cette escalade verbale notée dans les séries et téléfilms. «Le véritable problème, c’est l’argent. Les acteurs sont prêts à jouer tous les rôles qu’on leur propose alors que nous sommes dans un pays où nous avons nos réalités et nos valeurs. Si un comédien joue du théâtre, il y a des règles qui s’imposent à lui et il ne peut jouer n’importe quel rôle. Si c’est le cinéma tu ne fais que suivre ce que le personnage t’impose. Maintenant si le personnage est un pervers, là c’est autre chose.» Selon M. Siby, ces professionnels doivent savoir qu’il est possible de dire non à certains rôles. «Franchir des lignes, c’est connaître ses limites, dire qu’on ne va jamais jouer certains rôles. Moi Babacar Siby je ne vais jamais jouer un rôle d’esclave où je suis ligoté, même si on me paye des millions. Je ne vais jamais jouer non plus des rôles où je dois exposer mon corps.» Pour M. Siby, il est faux de dire que l’on doit pouvoir jouer tous les rôles. «Souvent, on entend des artistes dire que le fait de jouer des scènes osées, ce n’est rien et que c’est le personnage qui l’impose. On leur a mis dans la tête qu’un ou une artiste doit pouvoir jouer tous les rôles qui lui sont soumis», souligne-t-il avant d’ajouter : «Souvent même des injures sont permises dans les tournages et c’est grave, très écœurant, regrettable.»
La seule façon de lutter contre ces dérives reste la formation, pour M. Siby, qui organise des sessions de renforcement de capacités au profit des jeunes artistes du théâtre populaire. «Durant la formation, nous préparions les jeunes à donner une bonne image d’eux-mêmes. Il faut se faire respecter, ne pas suivre le personnage qui vous impose de faire des pratiques indécentes. Raison pour laquelle depuis mon arrivée au Sénégal, j’ai organisé trois ateliers destinés aux jeunes talents. Ils ont reçu leurs attestations mais on ne change pas les choses en deux ou trois jours. Certains sont prêts a suivre nos instructions, par contre d’autres ont une autre vision.» Pour ces derniers, M. Siby informe que certains acteurs n’hésitent pas à se dénuder pour trois mille francs supplémentaires sur le cachet journalier. «Dans certains tournages, la journée est à 5 mille francs Cfa. Mais il arrive que le personnage impose que l’artiste soit dévêtu. Et pour ce geste, le réalisateur propose 3 mille supplémentaires soit au total 8 mille francs Cfa la journée», insiste-t-il.