THEATRE – «La maison de Bernarda Alba» : Les droits des femmes, actuels depuis plus d’un siècle

Angustias (39 ans), Magdelina (30 ans) et Adela (20 ans) sont les trois filles de Bernarda Alba. Une dame au caractère bien trempé qui, après la mort de son mari, voulut faire porter le deuil à ses enfants pendant 8 ans. 8 ans pendant lesquels aucune d’elles n’avait le droit de quitter la maison, encore moins y laisser entrer des hommes. Pourtant un jour, Bernarda Alba fera exception pour la plus âgée de toutes ses filles et seule héritière, Angustias. Bernarda Alba allait en effet, organiser un mariage arrangé entre sa fille ainée et Romano, le plus beau garçon du village, âgé seulement de 25 ans. Mais ce qu’elle ignorait, c’est que Romano était aussi le bien-aimé d’Adela, la plus jeune de ses trois filles. Cette dernière folle amoureuse, était prête à tout pour épouser celui qu’elle aimait.
Ne se doutant de rien, sa grande sœur Angustias était de son côté toute enthousiaste à l’idée de trouver un mari à son âge et de pouvoir sortir de l’enfermement dans lequel les tenait leur mère. Le trame de cette pièce intitulée La maison de Bernarda Alba, et interprétée au siège de l’école Ensup par les comédiens de la compagnie Brrr production, laisse croire qu’il s’agit là d’une histoire récente écrite par un Sénégalais. Et bien non ! La directrice de la compagnie Brrr, Berengère Brooks, a tenu à préciser bien avant qu’elle ne soit jouée, que l’auteur était le poète et dramaturge espagnol, Federico Garcia Lorca, et que la pièce elle-même datait de près d’un siècle. Alors pourquoi le Sénégal ? En vérité cette pièce aborde des thèmes très actuels liés aux mariages arrangés, aux grossesses non-désirées, au veuvage des femmes… Et son auteur porte surtout un regard sur la femme. Et en ce sens, Bérengère Brooks a voulu la mettre à la connaissance du public. «L’auteur questionne la place de la femme dans la famille, dans la société. Est ce qu’elle a des choix ? Et comment faire ces choix ? Ça nous a semblé intéressant de reprendre ici en théâtre forum ce classique espagnol, écrit il y pratiquement une centaine d’années. Ça parle beaucoup des droits de la femme, de mariages arrangés, grossesses non désirées, des sujets qu’on retrouve ici dans la vie quotidienne au Sénégal et dans les journaux», indique-t-elle.
Au Sénégal, Mme Brooks déplore surtout le poids de la tradition. «On ne dit pas que c’est mauvais. On pose juste des questions. Comment faire avec ces traditions ?», confie-t-elle. Après Ensup, la réalisatrice entend aller en banlieue pour faire voir la pièce. « Il y a des spectacles prévus à Pikine, Thiaroye jusque fin décembre», informe-t-elle. Et pour ce qui est des régions, elle espère trouver des partenaires pour 2019.
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