Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba est un grand érudit de Dieu qui a reçu une éducation religieuse approfondie. Connu sous le nom de Thierno «Maodo» (Grand Maître en pulaar) ou Thierno El Hadji Mohamadou Saïdou Ba, il a toujours défendu l’islam avec énergie et dévouement. Il avait acquis des connaissances à force de travail, de persévérance et du respect à ses maîtres.

Dès son jeune âge, il s’est donné comme mission de travailler pour l’islam. Savant versé dans les sciences islamiques, Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba a commencé ses études coraniques à Ganguel. Après, il se rendit à Bokidiawé auprès de Thierno Djiby, à Nguidjilone chez Thierno Ahmadou Moctar Hanne ou Thierno Yéro Baal et à Thilogne auprès de Thierno Hamet Baba Talla.
Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba était respecté par ses contemporains. Le fait de côtoyer quelques sommités de la pensée islamique prouve à quel point il aspirait à devenir un grand érudit, un homme de Dieu parmi les musulmans. Sa soif de savoir l’a conduit aux pieds de grands maîtres. Il aimait la recherche et était passionné de la lecture. Depuis son jeune âge, il se fit remarquer par son intelligence et sa modestie. Il apprit et maîtrisa toutes les sciences connues des érudits musulmans du Fouta Toro de l’époque. Tous ses maîtres le respectaient et l’aimaient par sa discipline et sa modestie.
Il séjourna à Horé Fondé sous l’autorisation de Thierno Hamet Baba Talla. A Kolda, Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba fit la rencontre de grands hommes de Dieu tels que Thierno Ahmadou Barro de Mbour et Thierno El Hadji Aly Thiam de Médina Seydi Aly. Ces derniers furent ses marabouts et guides dans la voie islamique.
Guide accompli, il fut un enseignant et un éducateur. Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba est à la fois un modèle pour ses contemporains et reste un exemple pour les futures générations. Il fut un grand érudit de l’islam et éminent membre de la confrérie tidiane. Il fait partie des grands élus de Dieu qui s’étaient conformés à la tradition prophétique. Il ne cesse de réunir les musulmans pour leur dispenser un enseignement à la foi religieux et moral.
Le 27 février 1936, il trouva la terre promise. Il débarqua dans un lieu inhabité et fonda Médina Al Mounawar, devenu par la suite Médina Gounass (région de Kolda). Le saint homme fut un grand visionnaire, un ingénieur, un environnementaliste et un planificateur. Toute la vie quotidienne de ce lieu est ponctuée par le respect des règles de l’islam. La Tidjaniya, incarnée par El Hadji Oumar Al Foutiyou Tall et El Malick Sy de Tivaouane, s’installe véritablement dans cette zone. Médina Gounass devient un rayonnant centre de la culture islamique. Il est un grand centre religieux où chaque année des millions de musulmans se rendent pour le Daaka, initié par Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba en 1942. Il est un événement d’une grande ferveur religieuse et de dévotion. C’est une retraite spirituelle qui dure dix (10) jours, à dix kilomètres de la ville sainte de Médina Gounass, précisément à Abi Sama’oun, un lieu béni. Lors du Daaka, les hommes s’isolent seuls dans la brousse, loin des regards indiscrets des femmes, pour s’adonner aux zikr, à la lecture du Coran, à des prières de sayfiyu et à une meilleure connaissance de Dieu.
Le Daaka permet au croyant de se concentrer, ne serait-ce qu’une fois pendant quelques jours, pour glorifier Dieu. Aussi, il permet de nettoyer le cœur et d’amener le fidèle à se rappeler d’Allah, le Tout-puissant. En effet, le fidèle aura le goût de l’adoration, car il est appelé à faire 12 mille salatoul fatiha qui est la formule suprême de prière sur le Prophète Mohamed (Psl). Donc, le Daaka constitue une grande importance pour le musulman qui doit glorifier Dieu et prier sur son Prophète Mohamed (Psl).
Au Daaka, l’unicité de Dieu est magnifiée, des prières sur le Prophète Mohamed (Psl) sont formulées, des wazifas sont effectués. Il n’y a que l’islam et rien d’autre. A cette occasion, des dizaines d’unions conjugales sont scellées. Le lieu est béni et les prières qui y sont effectuées sont acceptées. Le Daaka est donc unique en son genre. Il occupe une place importante dans l’agenda religieux des Sénégalais, de la sous-région et de la diaspora. Les pèlerins traversent des vents et marées pour assister à cette cérémonie religieuse.
Dans son livre saint, Allah, le Miséricordieux, a dit : «La vie d’ici-bas a été enjolivée à ceux qui ne croient pas et ils se moquent de ceux qui croient. Et ceux qui craignent Dieu seront au-dessus d’eux au jour de la résurrection. Et Dieu accorde Ses bienfaits à qui Il veut, sans compter», (Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 212).
Le Daaka est donc un don de Dieu attribué au saint homme, Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba (Rta), qui a voulu partager avec les musulmans ce moment de recueillement afin que chacun puisse avoir de cette baraka. Qu’Allah le rétribue pour son service rendu à l’islam !
Cultivé, surtout dans les sciences juridiques, Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Dine Ba fait partie des marabouts sénégalais les plus instruits. Il a utilisé une méthode pacifique, posée et pédagogique pour former les âmes vers le Tout Puissant. A travers ses bandes sonores effectuées lors de ses «batu sunna» ou causeries religieuses, les fidèles pourront se rappeler à tout moment les paroles de Dieu, la tradition du Prophète Mohamed (Psl) et les principes de la Tidianiya. Ainsi, il créa un modèle de personne strictement rattachée à la sunna. Soldat de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif (qu’Allah l’agrée !), il était très préoccupé par la communauté du Prophète Mohamed (Psl).
Aux connaissances plurielles et multidimensionnelles, il créa des écoles coraniques, des mosquées, des communautés pour servir Allah. Dans son institut, la tradition du Prophète Mohamed (Psl), l’exégèse du saint Coran (tafsir) et la croyance (tawhid) sont appliquées à la lettre. Il a réussi à lutter contre l’assimilation en favorisant l’étude coranique, la pratique de la sunna et l’élargissement de la Tidjaniya au détriment de l’école française.
Toute la stratégie de Thierno El Hadji Mohamadou Siradji Diine Ba était de former un musulman modèle, rattaché au Coran, à la charia, à la sunna et qui incarne la Tidianiya. Autrement dit, à façonner les cœurs vers Allah. Il a dédié sa vie au Prophète Mohamed (Psl) et à Cheikh Ahmed Tidiane Chérif. Il fut un puits de savoir inépuisable, il détenait un savoir encyclopédique. Il était très pieux et avait le sens de l’éthique et de la déontologie.
Le 26 juin 1980, Thierno El Hadji Mohamadou Siradji rendit l’âme à Dakar. C’est à Médina Gounass qu’il a été inhumé, précisément dans la grande mosquée. Ses œuvres demeurent toujours. Il a légué à la postérité une richesse immense. Il laissa comme testament des œuvres, des bandes sonores et cette phrase : «Ngoppe aadaaji e bidaaji, ngollon Sunna Nelaaɗo Allah (Saw)» (Laissez les pratiques ancestrales et appliquez la tradition du Prophète Mohamed, Psl). Mais la cité religieuse de Médina Gounass, le Daaka et le Dental restent incontestablement parmi ses œuvres les plus illustres.
Sa succession est assurée par son fils Thierno Ahmadou Tidjani Ba, khalife du Dental, qui continue l’œuvre de son père, basée sur les principes du Coran, de la charia et de la sunna. Pétri de connaissances, de sagesse et homme de paix, il est un grand ambassadeur de l’islam et de la Tidianiya. Qu’Allah lui accorde une longue vie avec une santé de fer, ainsi qu’à ses frères !
Aliou KOUME
Agent administratif
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