Lors de la clôture du 25ème anniversaire de la Lettre pastorale des évêques du Sénégal, Mgr Benjamin Ndiaye espère un sursaut citoyen pour construire un monde meilleur, sans corruption. Selon lui, le danger est à nos portes avec les dérapages et la montée de l’intolérance et de l’intégrisme.Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante)

– Les rideaux sont tombés hier sur le forum célébrant le 25ème anniversaire de la Lettre pastorale des évêques du Sénégal. Cette rencontre, qui a réuni des centaines de jeunes sur le thème «Bâtir ensemble un Sénégal de justice et de paix», a permis aux participants de porter leur réflexion sur la Lettre pastorale des évêques du Sénégal, alors inspirée par la crise multidimensionnelle qui caractérisait le pays et dont les manifestations étaient perceptibles à plusieurs niveaux : économique, social, religieux, entre autres. Ainsi, après deux jours de réflexion, Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, qui co-présidait la rencontre aux côtés du nonce apostolique au Sénégal, Mgr Michael W. Banach, demande une relecture de la Lettre pastorale pour un Sénégal de justice et de paix dans le respect de l’environnement pour la promotion du bien commun et le respect des personnes et des communautés. «Qu’il émane de ce forum une conscience citoyenne pour un meilleur vivre-ensemble ! Notre pays a besoin d’un développement qui intègre profondément sa frange de jeunesse en matière de formation, d’emploi et d’épanouissement humain», dit le patron de l’Eglise sénégalaise. Parce que, regrette Mgr Ndiaye, «alors que le monde souffre, apparemment beaucoup veulent discuter de la façon d’utiliser le terme évangile sans reconnaître le vrai point de l’évangile qui est le salut et la transformation. L’évangile, selon Jésus Christ, ne concerne pas seulement ce qu’une personne croit, mais aussi comment elle vit. Le Christ donne la priorité à la justice pour les pauvres et les marginalisés.» Il enchaîne : «Il y a les migrants qui vivent dans un monde plein de racisme. Il y a des gens qui sont appauvris et qui sentent qu’ils ne pourront plus jamais se remettre debout. Tout comme il y a des personnes victimes de trafic sexuel et réduites à l’esclavage dans le monde entier. Un monde où il y a de la corruption tant au niveau local que sociétal. Toutes choses dont l’évangile devrait parler.» Le chef de l’Eglise catholique sénégalaise reste juste dans ses analyses. Il dit : «Chez nous, malgré des efforts et des plans louables de redressement, l’Etat a aussi sa part de responsabilité dans ces difficultés.» Il cite : «Le secteur de l’industrie et des services n’est pas en bonne position. La dégradation de l’environnement physique n’échappe à personne. Les conséquences sociales de cette situation sont l’extension et l’aggravation de la pauvreté pour la majorité de la population, la croissance du chômage et de l’exode rural.» Plus inquiétante, selon lui, «est la dégradation du tissu social et de la moralité». «Le danger est à nos portes avec les dérapages vers l’intolérance et l’intégrisme sous toutes ses formes et de tous bords», alerte Mgr Benjamin Ndiaye.
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