«Il faut qu’on comprenne que le monde actuel est traversé par des difficultés, et c’est dans l’unité, l’entente et la cohésion, la paix et la stabilité que nous pourrons construire ce Sénégal.» Cette conviction est du ministre Abdou Fall, qui assistait, ce week-end, à Thiès, à une cérémonie religieuse en hommage à un homme qui a marqué la communauté musulmane, en particulier celle tidiane dans la Cité du Rail, El Hadji Birane Cissé, beau-fils de Serigne Babacar Sy, premier khalife de Mame Maodo. Une manifestation tenue sous l’égide de Serigne Pape Cissé, fils de Cheikh Birane Cissé.

Par Cheikh CAMARA – «Nous sommes en démocratie, il faut laisser le libre jeu démocratique se faire. Ce capital est le plus précieux que nous devons tous préserver parce que c’est ça la finalité du combat démocratique.» En faisant remarquer cela, le ministre Abdou Fall dit avoir voulu faire comprendre que «le Sénégal a la particularité, l’avantage et l’originalité d’être traversé par trois grands courants de pensée intellectuelle et philosophique». Et d’expliquer : «Nous avons un courant intellectuel de culture endogène porté par ce qu’on appelle les hommes de terroir qui sont dépositaires d’un capital culturel immense et qui sont surtout investis dans le vivre-ensemble. A côté, nous avons une tradition intellectuelle arabo-islamique qui a traversé ce pays depuis le 9ème siècle. Laquelle a produit des guides spirituels exceptionnels qui ont su convertir la religion en des termes accessibles au plus grand nombre à travers les confréries. Le troisième courant intellectuel c’est celui issu de l’école française de l’époque coloniale.» Aux yeux de Abdou Fall, «l’enjeu de ces rencontres, c’est de créer des occasions de communion et de partage entre ces différents courants de pensée et c’est ça qui fait la richesse et la vitalité du Sénégal». C’est pourquoi, remarque-t-il, «le Président Macky Sall attache une importance particulière à la qualité des relations entre temporel et spirituel». Ce qui explique, selon lui, «tous les investissements qui ont été réalisés pour mettre à l’aise les responsables de ces communautés, mais également tout ce qui se fait pour que dans les responsabilités sociales, sociétales, culturelles et spirituelles qui les incombent, l’Etat puisse les accompagner pour qu’ils les traduisent en projet au service de la paix et de la stabilité au Sénégal».

Le ministre Abdou Fall trouve ces rencontres d’autant «opportunes qu’elles remettent au goût du jour, un message très fort que Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine avait lancé en 1997, à l’occasion du baptême de l’avenue Seydina Ababacar Sy à la Sicap». L’illustre fils de Cheikh Al Seydi Khalifa Ababacar Sy attirait déjà l’attention sur «les risques de conflits générationnels qui pouvaient traverser la société et conduire à des impasses». Surtout qu’il considérait, selon M. Fall, qu’«on avait une jeunesse de plus en plus rebelle, mais aussi que les adultes se devaient de faire une introspection pour comprendre ce qui pouvait justifier cette rupture dans le processus de transmission des valeurs culturelles et spirituelles». Aussi de saisir l’occasion pour rappeler : «Au regard des convulsions que l’on voit un peu partout dans le monde, qui ne sont spécifiques au Sénégal, il faut qu’il y ait ce sursaut de prise de conscience.»
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