Niakhène, une commune rurale du département de Tivaouane, n’échappe pas à la règle qui semble régir toutes les collectivités locales, érigées en communes depuis l’effectivité de l’Acte 3 de la décentralisation. Des communes qui, malgré toutes les dispositions annoncées et les textes qui les régissent, peinent encore à sortir de leur ruralité. Tout ou presque, jusqu’au service de base, y fait défaut au grand dam des populations qui ne savent pas encore à quel saint se vouer et qui ne ratent aucune occasion pour s’en désoler.

Selon le responsable socialiste de la commune de Niakhène, Alé Ndiaye, qui a mis à profit la finale zonale de sa commune pour lister leurs maux, les infrastructures scolaires de sa commune sont vétustes. Il se désole surtout du fait que ces infrastructures ont vu passer beaucoup de hauts cadres de ce pays qui y ont fait leurs humanités. De ceux-là, il citera l’ancien ministre socialiste Mame Bounama Sall et l’actuel ministre de l’Environ­nement, Mame Thierno Dieng. A ce problème s’ajoute «le fort taux d’abandon des élèves qui, après le Bfem, ont du mal à poursuivre leurs études. La commune ne disposant pas de lycée, la seule solution qui s’offre à eux est d’aller à Pékesse ou Thilmakha dans l’espoir de se trouver une famille d’accueil. Et même là, les conditions d’hébergement sont souvent des plus précaires voire même aléatoires du fait de la paupérisation dans laquelle se meuvent ces familles d’accueil». Pour dire «l’urgente nécessité qu’il y a de doter la commune d’un lycée et permettre enfin aux élèves de poursuivre leurs études». A ce titre, Alé Ndiaye informera que «nous avons écrit à l’inspecteur d’académie et avons transmis le dossier à nos responsables, mais jusqu’à présent aucune réaction n’a été notée. Pendant ce temps, faute de moyens, nos enfants sont obligés de rester à la maison». Que dire du terrain vague derrière la préfecture au milieu de la broussaille qui fait office de stade municipal ? Une infrastructure sportive qui, comme celles scolaires aussi, a vu passer le Président Léopold Sédar Senghor, son successeur Abdou Diouf et le Premier ministre d’alors Habib Thiam. Lesquels, dit M. Ndiaye, «s’ils revenaient, n’auraient aucune peine à reconnaître les lieux». Et de fustiger : «Rien n’a changé. Tout est resté en l’état.» Quant au secteur sanitaire, il ne se porte pas mieux. «Le seul poste de santé de Niakhène peine à prendre en charge la très forte demande. Et ce, malgré la volonté et la disponibilité de l’infirmier-chef de poste. Et pour des cas assez sévères, les patients sont obligés de rallier le centre de santé de Mékhé d’où, la plupart du temps, ils sont transférés vers les centres de référence de Tivaouane ou de Thiès.» Ce qui pose souvent d’énormes difficultés pour cette population rurale dont la principale activité tourne autour de l’agriculture. A ce titre, Alé Ndiaye décrie «le non-accès des femmes et des jeunes au crédit. Lequel accès pourrait leur permettre d’entreprendre des activités génératrices de revenus, mais aussi et surtout fixer les jeunes dans le terroir». Ces jeunes, «pour échapper au chômage et à l’oisiveté, sont obligés d’emprunter les chemins de l’exode vers les centres urbains où ils s’activent dans le secteur du commerce ambulant avec toute la précarité que représente ce genre d’activités».

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