L’Association des anciens pensionnaires de l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) a dénoncé hier l’absence de diplômés aveugles dans le dernier recrutement dans la Fonction publique.
Le recrutement des diplômés déficients visuels dans la Fonction publique demeure une problématique. Ils ont en effet été oubliés lors du recrutement de 2018. Ce que dénonce l’Association des anciens pensionnaires de l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles de Thiès (Inefja) qui, face à la presse hier, dénonce «une injustice». Selon Djiby Dème, président de ladite association, «les déficients visuels ont été juste laissés en rade dans le recrutement dans la Fonction publique. Parce qu’il ne figure aucun diplômé aveugle dans les deux listes des personnes recrutées», évalue le diplômé chômeur qui parle «de discrimination». Et pourtant, fera-t-il noter, «nous remplissons tous les critères parce que nous avons tous les diplômes demandés dans tous les segments. Nous avons parcouru toute la liste et avons vu que l’Etat a recruté des titulaires de Master, de Licence et même de Baccalauréat et de Bfem alors que nous avons les mêmes profils que les recrutés». Lesquels, renseigne M. Dème, «existent dans la base de données de la Fonction publique. C’est pourquoi nous ne comprenons pas pourquoi les aveugles sont laissés en rade dans ce type de recrutement». Il signale toutefois : «Nous avons fait des correspondances en ce sens. Et même si nous ne les avions pas faites, les autorités ont toutes les informations requises qui concernent les personnes handicapées diplômées qui répondent aux profils de l’emploi.» Mais malheureusement, s’offusque-t-il, «nous ne sommes pas recrutés alors que la Loi d’orientation sociale, en son article 29 alinéa 2, stipule que l’Etat doit réserver un quota de 15% au moins pour les personnes handicapées lors des recrutements». Il interpelle le chef de l’Etat qui «est le garant de tous les droits, mais également le protecteur de toutes les personnes particulièrement vulnérables, de corriger cette situation afin que les demandeurs d’emploi aveugles soient pris en compte dans les recrutements». Et cela, dit Djiby Dème, «en prenant des mesures spéciales en ce sens». Surtout que «le Président Macky Sall prône un Sénégal de tous et un Sénégal pour tous». Pour lui, «cette situation doit être corrigée parce que nous trouvons contradictoire que des déficients visuels diplômés passent leur temps à mendier pour vivre, et au même moment les autorités affichent leur volonté d’éradiquer la mendicité au Sénégal. Nous pensons que la meilleure façon de faciliter une intégration, c’est le travail. Nous avons étudié et avons les diplômes demandés. Nous ne demandons pas de l’aumône, mais d’être recrutés pour servir notre pays. Et nous pensons que ce n’est pas trop demandé». Il dit : «Il est temps de régler la question de l’employabilité des déficients visuels au sein de la Fonction publique.»
Au-delà, ils ont déploré «leur mise à l’écart dans les concours au niveau des écoles nationales». Il dit : «Il faut que l’Etat puisse voir comment ouvrir la possibilité de l’employabilité des personnes handicapées en ouvrant les concours professionnels et directs dans certaines écoles supérieures nationales.» Djiby Dème donne l’exemple de l’Ecole nationale d’administration (Ena) qui, selon lui «est un pourvoyeur d’emplois même si ce n’est pas nombreux». Il explique : «Si le concours à l’Ena n’était si pas sélectif, c’est-à-dire si l’Etat arrivait à réunir les conditions techniques et matérielles pour permettre aux aveugles de composer au même titre que les autres Sénégalais, nous pensons que c’est un créneau d’emplois.» Pour dire, selon lui, «nous ne voulons pas être pris comme ça au nom de la discrimination positive, mais nous voulons réunir toutes les conditions pour réussir dans les concours nationaux». Dans son speech, il annonce un sit-in dès la semaine prochaine devant le ministère de la Fonction publique, mais également une marche nationale dans les prochains jours, si les autorités tardent à réagir.
nfniang@lequotidien.sn