#Thiès – Accusés d’être responsables des troubles du 2 avril : Les pêcheurs de Cayar remontés contre le Grand Serigne Ibrahima Diagne

A Cayar, la pêche a repris normalement après les troubles du 2 avril dernier. Mais, les pêcheurs de Cayar ont du mal à supporter que le Grand Serigne de Dakar, El Hadji Ibrahima Diagne, ait soutenu qu’ils en sont les responsables. Pour eux, ils se battent pour la préservation de leur écosystème. Par Cheikh CAMARA –
Les pêcheurs de Cayar ont déploré, au cours d’un point de presse, les «propos» tenus par le Grand Serigne de la Collectivité léboue, Mansour Ibrahima Diagne, lors du démarrage du dialogue national. Selon eux, «le chef lébou a accusé la communauté des pêcheurs de Cayar d’être à l’origine du conflit les opposant aux pêcheurs de Mboro». Ils ne manquent surtout pas de demander au Grand Serigne de la Collectivité léboue, Mansour Ibrahima Diagne, de «revenir sur ses propos inappropriés». Pour eux, il «est loin d’être un régulateur».
Il s’agit là de deux communautés qui se regardent en chiens de faïence. Aujourd’hui, le calme est néanmoins revenu entre les pêcheurs qui sont actuellement en pleine période de campagne. D’ailleurs, le village traditionnel de Cayar accueille présentement les pêcheurs de Guet-Ndar, Yoff et Mboro pour une durée de 6 mois, ce dans une parfaite harmonie. L’accès à la zone n’est pas interdit aux communautés saisonnières, mais les Cayarois restent stricts face à l’interdiction des mono-filaments.
Le 2 avril dernier, des pêcheurs ont été arrêtés suite aux violents affrontements regrettables ayant opposé en mer des membres de la communauté des pêcheurs de la Grande-Côte. Une bataille rangée qui avait fait un mort et 37 blessés, avec des dégâts matériels estimés à 900 millions F Cfa. Les pêcheurs de Cayar étaient poursuivis pour «participation à une manifestation non autorisée et destruction de biens appartenant à autrui», ceux de Mboro, eux, devaient répondre des délits de «coups et blessures volontaires et destruction de biens appartenant à autrui».
«Mansour Ibrahima Diagne est loin d’être un régulateur»
Le Comité local de pêche de Cayar avait alerté sur le danger que représente la pêche avec les filets mono-filaments interdite par le Code, mais qui connaît une résistance. Les pêcheurs de Mboro étaient accusés de violer la loi face à l’interdiction de pratiquer la pêche aux mono-filaments au niveau des côtes de Cayar. Cela avait poussé les jeunes du village traditionnel des pêcheurs d’arraisonner leurs pirogues. «A Cayar, non seulement nous avons la culture de ne pas pratiquer cette pêche, mais aussi et surtout nous l’interdisons dans nos eaux, et ces pêcheurs qui nous viennent de Mboro font fi de cette loi. Et nous nous sommes opposés énergétiquement à ces violations et cela a débouché sur un conflit», font remarquer des pêcheurs de Cayar.
Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Thiès, Cheikh Dieng, remarquait, dans une sortie, que «ces évènements, avec leur extension sur le continent à Mboro puis à Cayar, ont occasionné des violences physiques graves sur des personnes, ainsi que des dégradations de biens dans ces localités». Il poursuit qu’à l’égard d’une telle situation, «des investigations exhaustives ont été immédiatement menées et ont conduit à l’interpellation d’une vingtaine de mis en cause à Cayar et plus d’une dizaine à Mboro».
Le procès des pêcheurs a finalement été jugé en audience spéciale, après deux renvois, le vendredi 5 mai 2023, devant le Tribunal de grande instance de Thiès en flagrant délit. Les mis en cause avaient tous répondu aux différentes interpellations, après avoir été entendus. Dans son réquisitoire, le procureur de la République avait plaidé «l’apaisement dans les deux camps».
Correspondant