Réunis à Thiès, les imams font leur autocritique en essayant de trouver les meilleures formules pour que leurs messages atteignent leurs cibles.
Pour améliorer l’efficacité des messages qu’ils délivrent tous les vendredis dans les mosquées, une cinquantaine d’imams du département de Thiès sont en conclave depuis hier au Conseil départemental de la ville. L’objectif d’une telle rencontre de capacitation, selon les initiateurs, est de mieux les outiller afin qu’ils puissent jouer leur rôle dans la société. «Cette formation entre dans le cadre de notre plan d’action qui consiste à ‘’capaciter’’ les imams pour qu’ils puissent jouer leur rôle dans la société parce que nous avons vu que l’imam est un élément incontournable dans une société. C’est un régulateur social, un guide et un leader d’opinion», explique imam Mouhamadou Mbaye, représentant de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal. Lequel insiste sur l’importance de savoir «Comment élaborer un sermon efficace», qui est le thème de cette édition. Il dit : «Nous vivons dans une société où tout le monde a constaté qu’il y a la dégradation des mœurs, la perversion et même l’insalubrité dont on parle. Et tout le monde est actuellement en train de déplorer cette indiscipline. Tout cela relève de comportements qui ne riment pas avec l’islam. Et l’imam peut jouer un grand rôle sur la sensibilisation, l’orientation et même l’éducation de la société.» A la question de savoir si les sermons des imams sont efficaces, le religieux renseigne : «Chaque vendredi, les imams prononcent des sermons alors que nous avons vu que malgré tout cela le problème demeure. Donc il y a anguille sous roche.» Il insiste sur leur formation «pour qu’ils puissent comprendre le rôle du sermon et son importance pour contribuer à améliorer un peu l’efficacité des messages». Pour cela, dit-il, une harmonisation des messages ou des thèmes qui sont développés tous les vendredis est prévue. D’ailleurs, ils envisagent «de faire un sermon commun que nous allons prononcer ce vendredi dans toutes les mosquées du département de Thiès. Un sermon qui va essentiellement tourner sur la demande sociale parce que c’est un thème d’actualité. Nous voulons vraiment que les imams aussi jouent leur rôle dans l’orientation et même la sensibilisation parce qu’actuellement, les gens sont fatigués dans ce pays et il faut que les imams exhortent les autorités à mieux donner l’importance à la demande sociale».
Modernisation des daaras
Par ailleurs, imam Mouhamadou Mbaye de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal s’est prononcé sur le débat autour de la modernisation des daaras. Il interpelle le gouvernement : «Tout cela, ce sont les inconvénients de la laïcité, parce que nos gouvernants ont mal compris la laïcité. Mais si elle veut dire reléguer la religion au second plan, il y a problème.» Il demande ainsi aux gouvernants de «revoir leur manière d’interpréter cette laïcité». D’autant plus que, dit-il, «le daara fait partie de notre culture. Beaucoup de nos intellectuels y ont été éduqués. Donc, il faut que l’Etat les prenne en charge et les organise». Que faire pour régler la question ? «Le véritable problème, c’est l’organisation parce qu’on a laissé les daaras à leur compte. C’est pourquoi il y a eu ces dérapages. Mais si l’Etat avait aidé les Serigne daaras à s’organiser et à améliorer leur technique pédagogique, ce serait cela la solution», suggère M. Mbaye. Précisant toutefois qu’il «n’aime pas le terme modernisation des daaras», imam Mbaye pense que «ce qui manque aux Serigne daaras, c’est la perfection et l’organisation. Si on leur donne l’occasion, ils vont s’organiser comme l’école publique et l’école privée moderne. C’est parce qu’ils sont laissés à leur compte que tous ces dérapages se passent dans les daaras. L’Etat ne s’occupe pas d’eux».