Le lancement des travaux de curage du canal de Keur Mame El Hadji, ce samedi 20 juillet 2024 à Thiès, a été une opportunité pour le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dièye, de lancer un appel en direction de la population par rapport à «certains comportements récurrents qui sont devenus tenaces dans notre pays et qui créent des difficultés».Par Cheikh CAMARA –

«On a vu qu’il y a beaucoup d’incivisme, on a trouvé beaucoup de déchets, beaucoup de carcasses de moutons. Pour­tant avant la Tabaski, j’avais, moi-même, lancé un appel, demandant de ne pas jeter les peaux de moutons dans les canalisations», s’est offusqué le ministre de l’Hydrau­lique et de l’assainissement à Thiès. Qui constate qu’«aujourd’hui, les conséquences sont là, palpables : ça obstrue les voies de drainage des eaux et crée des inondations». Une fois encore, il a voulu lancer cet appel pour que «nous changions, tous ensemble, de comportement, car ce pays ne changera pas si nous ne changeons pas nous-mêmes. Il est trop facile de dire que tout doit changer, mais que ce sont les autres qui doivent le faire, ce sont eux qui doivent changer. Il nous appartient, chacun, individuellement, de nous évaluer, de nous analyser, de faire notre introspection pour dire : «Est-ce que nous sommes le citoyen que nous voulons que tous les autres soient ?» Si nous ne pouvons pas répondre par l’affirmative, ça veut dire que nous ne sommes pas encore le citoyen qu’il faut pour impulser le changement qu’on veut dans notre pays». Ainsi, Cheikh Tidiane Dièye d’assurer que «le gouvernement fera tout ce qu’il peut pour mettre des bacs à ordures et autres espaces où déverser des ordures régulièrement», mais, indique-t-il, «que les gens s’auto-éduquent, aient plus de civisme et de citoyenneté pour éviter de salir là où on a fait beaucoup d’efforts pour curer».

Dr Cheikh Tidiane Dièye de poursuivre, pour indiquer : «Déjà, c’est le fait de pouvoir saisir ces urgences et les traiter, parce que cela était notre approche depuis le début, de dire que nous allons vers un hivernage qui sera pluvieux selon les prévisions de l’Anacim. En deux, trois mois, depuis notre arrivée, il est évident que nous ne pouvons pas proposer de solutions miracles, de projet structurel et structurant à long terme, on n’a pas eu le temps de le faire.» Par contre, remarque-t-il, «ce qu’on pouvait faire, c’est anticiper le plus possible, identifier partout où il y a eu des problèmes, des points durs, vulnérables, et les traiter rapidement». Et pour ça, il dit avoir donné des instructions à «toutes mes équipes de descendre sur le terrain, de parler avec les populations, avec les communautés, sous l’encadrement des autorités administratives, locales, mais également des collectivités territoriales pour après avoir identifié les problèmes, les traiter et les résoudre». C’est, dit-il, «en discutant avec mes équipes il y a quelques semaines, et plus récemment avec M. le maire de Thiès, Dr Babacar Diop, qu’il a encore attiré mon attention sur l’importance de ce canal. J’avais déjà reçu des informations venant des autorités, notamment le Gouverneur de Thiès, et j’ai demandé immédiatement au Directeur général de l’Onas de me proposer rapidement un dispositif pour pouvoir traiter ce canal et le curer». Le ministre est revenu sur «l’importance de ce canal qui est connu au-delà même de Thiès, parce que constituant l’épine dorsale de tous les dispositifs de drainage des eaux pluviales de la ville. Le réseau de Thiès est assez important, un peu moins d’une centaine de kilomètres de réseau d’eaux usées, avec une douzaine de kilomètres de réseau d’eaux pluviales, en plus de deux stations de pompage et d’une station d’épuration. Il y a donc de quoi soulager la ville, si tout est fait correctement et régulièrement».

Malheureusement, ce canal important, qui prend toutes les eaux de la ville quasiment pour les sortir, est resté longtemps sans être curé. «Ce n’est pas faute de vouloir le faire, mais la mairie ou les mairies n’ont pas eu souvent les moyens nécessaires, puisqu’une partie du canal est fermée, donc les moyens n’ont pas permis de le faire. Et lorsque cette question a été portée à notre attention, nous avons dit qu’il faut mobiliser tous les moyens possibles et nécessaires pour venir rapidement le faire.» Et d’espérer qu’«une fois que ce canal sera curé pour cet hivernage-ci, nous allons pouvoir soulager considérablement la ville, puisque beaucoup d’eaux qui viennent des autres quartiers transitent par ce canal pour sortir. Nous avons mobilisé du matériel, il y a des engins lourds mis à disposition pour faire le travail le plus rapidement possible». Malheureu­sement, de regretter que «la configuration du canal soit telle qu’il y a beaucoup d’endroits où les pelles et les engins ne peuvent pas accéder et qu’il nous faudra donc mobiliser du personnel pour rentrer dans ce canal qui est assez difficile d’accès à certains endroits, mais nous ne pouvons pas ne pas faire ce travail».

Thiès, une ville à assainir
Aussi le ministre a-t-il donné des instructions aux équipes pour rapidement voir comment il est possible de refaire le canal. «Il y a sans doute des endroits où il est possible de casser la dalle et de mettre des grilles avaloirs et d’ouvrir certains endroits, les laisser, peut-être même, à l’air libre, à condition que, faudrait-il le rappeler, les populations aussi n’y déversent pas des ordures et déchets ménagers.»