Les populations de la commune de Touba-Toul, située dans le département de Thiès, sont sorties dans la rue hier pour manifester leur désaccord suite à une «délibération du Conseil municipal du 6 mai 2023, sur proposition du maire Ameth Dièye, visant à déposséder notre commune d’un site reconnu d’intérêt public au cœur de ladite localité, pouvant accueillir des infrastructures de portée économique au bénéfice de toute la population, pour, ensuite, le livrer à une vente, soit 3 millions F Cfa la parcelle de 300 m2, à des personnes nanties, privilégiées, déjà ciblées».Par Cheikh CAMARA –
A Touba-Toul, les populations sont en colère. A en croire Abdou Yama Diouf, porte-parole du jour du Collectif pour l’alerte et la défense du patrimoine de Touba-Toul, «45 parcelles sont déjà morcelées, ce qui serait synonyme d’un «tong-tong» foncier que nous ne saurions accepter pour plusieurs raisons». D’abord, il déplore que «la délocalisation du foirail a porté un coup dur à la vitalité de notre marché hebdomadaire, jadis caractérisé par une effervescence, mais qui malheureusement se trouve aujourd’hui en état de déliquescence». Le 2ème préjudice repose sur le fait que «Touba-Toul est sur le point de perdre une université d’un investissement de 3 milliards F Cfa et pour cause, la délocalisation aveugle dudit foirail». Les populations en colère remarquent : «Le coût de cet ouvrage qui abritait l’ancien foirail s’élevant à 50 millions F Cfa, risque de passer à pertes et profits. Donc, pour moins de 150 millions F Cfa, Touba-Toul risque de perdre un investissement de plus 3 milliards F Cfa, alors que le maire sortant, lui, avait laissé en espèces un montant de 48.6 millions F Cfa, qui pourrait régler les problèmes d’eau et d’extension du réseau électrique pour les villages de Darou Ndiaye et Sothiane, ce sans vendre un site public.» «En tout cas, cette tentative de dépossession préméditée, organisée et planifiée trouvera la résistance des populations plus que jamais déterminées», prévient le Collectif pour l’alerte et la défense du patrimoine de Touba-Toul, qui ajoute : «Ce qui nous révolte et nous perturbe encore plus, c’est l’attitude de défiance du maire vis-à-vis des populations.» En tout état de cause, les populations tiennent ainsi à témoin l’Etat, l’opinion nationale et internationale, sur «les conséquences d’une telle tentative de dépossession qui pourraient être pires que ce qu’on a vécu à Ngor, à Mbane et à Fanaye».
Le maire Ameth Dièye réfute de «telles allégations»
Le maire de Touba-Toul, Ameth Dièye, a réfuté les allégations de «scandale foncier» et défendu «la légitimité et la légalité d’un projet de lotissement voté à l’unanimité par le Conseil municipal lors d’une séance le 6 mai 2023, qui a respecté toutes les étapes de la procédure». Aussi de préciser : «Le site en question, qui abritait l’ancien foirail de Touba-Toul, sera transformé en une «Cité de l’avenir» comprenant environ 45 parcelles. Ces terrains seront distribués aux résidents de Touba-Toul, générant des recettes qui seront investies dans divers projets prioritaires tels que la réhabilitation de la grande mosquée, l’adduction d’eau potable des villages environnants, l’électrification des villages de Daroudaye et Sofiane, la construction de la maison d’accueil municipale de Toubacound et la clôture des écoles traversées par une route principale.»
Ameth Dièye décrie des «manœuvres de politiciens tapis dans l’ombre, en manque de légitimité politique, cherchant à entraver le projet. Des opposants qui n’ont ni la légitimité ni la légalité pour freiner ce projet dûment approuvé par le Conseil municipal». Il qualifie de telles «allégations» de «fausses, absurdes et totalement fallacieuses».
Correspondant