Diogo, une localité dans le département de Tivaouane, veut être érigée en commune de plein exercice. La localité qui polarise une cinquantaine de villages ne veut plus dépendre de Darou Khoudoss dont elle est d’ailleurs le poumon économique.

C’est un contraste évident : Quoiqu’abritant la troisième mine de zircon et d’ilménite au monde, Diogo qui polarise plus de 50 villages et de nombreux hameaux dans la commune de Darou-Khoudoss, département de Tivaouane, peine encore à sortir de sa ruralité. Et les populations de cette localité, qui ne peuvent plus continuer à dépendre de la tutelle de Darou Khoudoss dont elle est d’ailleurs le poumon économique, ont marché pacifiquement sur 3 km pour réclamer la communalisation de leur localité. Pour elles, Diogo dispose des ressources agricoles, minières et halieutiques, mais surtout humaines pour prendre son destin en main. Serigne Mbaye, coordonnateur du collectif «Diogo sounou commune», trouve «inadmissible» le fait de «parcourir 40 km jusqu’à Darou Khoudoss pour se procurer un extrait de naissance ou un certificat de résidence». Et cela n’est que la partie visible de l’iceberg. «Nos problèmes sont visibles dans tous les secteurs. Et la seule solution reste un nouveau découpage au cours duquel la zone de Diogo sera érigée en commune de plein exercice. C’est une nécessité pour plusieurs raisons.» Il explique : «Il est rare de voir à travers le pays deux chefs-lieux de commune, Mboro et Darou-Khoudoss, être séparés de moins de 2 km, pendant que des populations situées à l’autre extrémité de la commune parcourent injustement plus de 40 km pour se procurer un certificat de résidence ou un extrait de naissance.» Une erreur de découpage, selon le porte-parole des populations de Diogo, sur l’emplacement du chef-lieu. Il pense que «cela mérite rectification pour alléger les souffrances des populations de la zone». Serigne Mbaye s’offusque : «Notre terroir, poumon économique de la commune de Darou Khoudoss de par ses nombreuses ressources agricoles, minières et halieutiques, peine à jouir en retour de ces retombées qui sont toutes accaparées par la mairie. Nous avons marre de la dépendance et de l’exploitation dont notre zone est victime alors qu’elle peut intégralement se prendre en charge.» Les populations se refusent «d’abriter de grandes entreprises telles que Grande côte operations (Gco) qui est en train d’exploiter le troisième jugement mondial de zircon et tant d’autres sociétés d’exploitation de mines dont les phosphates de Ngouye Wade, sans que cela ne soit ressenti sur le plan économique et social à notre niveau, notamment dans le cadre de l’emploi local jugé très insuffisant par rapport aux attentes». Il s’étrangle : «Le maraîchage, principale activité de la zone, est aujourd’hui plus que jamais menacé et la population est peinée de voir ses terres spoliées, bradées à des compagnies étrangères. Ce qui anéantit la zone des Niayes et est traduit par une situation précaire dans laquelle vit la quasi-totalité des jeunes de la localité réduits au chômage, lequel les pousse à la pauvreté ; donc à l’émigration clandestine. Les spéculations foncières sont devenues récurrentes dans la zone et constituent une sérieuse menace à la cohésion et à la quiétude des populations ; d’où la nécessité pour la zone de Diogo qui polarise plus de 50 villages et de nombreux hameaux, avec un taux démographique qui ne cesse de s’accroître, de devenir une commune.» Entre autres doléances, la quantité et la qualité de l’eau impropre à la consommation, l’accès de tous les villages à l’électricité, le désenclavement de Diogo-Sur-Mer qui s’étend sur une distance de 7 km, l’installation d’un centre de groupage des produits agricoles. «Diogo veut désormais être le décideur et non celui pour qui on décide de son destin», préviennent les habitants. Au final, les populations demandent à Macky Sall de corriger «toutes les incohérences territoriales constatées dans le triste découpage de l’Acte 3 de la décentralisation». Pour M. Mbow, «réparer une injustice que nous subissons depuis plusieurs années».

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