Les cheminots, qui ne sont pas persuadés par la pertinence de la création d’un ministère chargé du Développement du réseau ferroviaire, demandent plutôt à Macky Sall de régler le problème de la société Dbf, qui n’arrive pas à être sur les rails.

Face à la presse hier, les cheminots de la société Dakar-Bamako-Ferroviaire (ex-Transrail), à Thiès, ont affiché leur «scepticisme», après la mise en place du nouveau ministère chargé du Développement du réseau ferroviaire dans le gouvernement de Dionne 2. Mambaye Tounkara et ses camarades disent «ne pas se retrouver dans la nouvelle équipe de Mahammad Boun Abdallah Dionne», et rappellent qu’il est urgent de régler le problème de la société ferroviaire qui traverse une «crise profonde». Ils pensent que «l’arrivée d’un nouveau ministre ne ferait que retarder la relance de l’entreprise». Le Secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs du rail (Sutrail) soutient : «les travailleurs du rail sont très inquiets par rapport à la relance du Chemin de fer. Nous manifestons notre déception qui en est à son comble à la nouvelle société Dbf, qui fait face à de sérieuses difficultés liées surtout à la dégradation du Chemin de fer. Aussi le secteur ferroviaire est complètement délaissé à tort», fustigent le syndicaliste et ses camarades, qui disent ne guère se retrouver dans le nouvel attelage gouvernemental. «Nous avons comme l’impression que le président de la République et son Premier ministre, dans leur vision de ce gouvernement et leurs ambitions, n’ont pas encore senti le besoin de sortir le Chemin de fer de cette crise qu’il traverse. Parce qu’un ministre de l’Intérieur qui n’avait rien à voir avec le transport, si vous l’envoyez aux Transports, et vous mettez le ministre délégué chargé du Développement du réseau ferroviaire sous sa tutelle, c’est un éternel recommencement. Abdoulaye Daouda Diallo aura besoin du temps pour avoir un aperçu sur les dossiers.» Aussi et de rappeler que «les secteurs pétrolier et minier, suite à leur exploitation, nécessitent un transport de masse. Et nous avons peur que l’entreprise ferroviaire ne ferme ses portes d’ici quelques mois si l’Etat ne prend pas les dispositions nécessaires à sa véritable relance». Les cheminots déplorent le fait que «le schéma institutionnel n’ait jamais vu le jour. Depuis le mois de juin à nos jours, le train n’a pas traversé Kaye. Nous n’avons que trois locomotives fonctionnelles. Aujourd’hui tout est échec dans la relance. Le projet des Chinois pour un coût de plus de 7 milliards F Cfa a échoué, tout comme celui turc et saoudien, qui aussi va en ce sens». Et de se demander : «Si maintenant l’Etat laisse la situation persister, dans quelques mois, ce sera l’arrêt définitif du Rail.» Ils feront remarquer que «durant la phase de transition qui a pris fin le 7 février, rien n’a été fait. Aujourd’hui, le Sénégal n’a aucune machine sur le corridor, la ligne Dakar-Bamako. On travaille mais on n’a pas un grand rendement». Selon eux, «Dakar-Bamako ferroviaire est encore loin d’être sur les rails de l’émergence. La relance du chemin de fer pose problème. Durant la période transitoire, aucun investissement n’a été noté dans l’entreprise. La voie n’est pas réparée. Les machines de même». Mambaye Tounkara souligne que «l’entreprise ferroviaire est dans une situation extrêmement difficile. Nous avons constaté un retard important sur les engagements des Etats sénégalais et malien, qui est en train d’impacter le fonctionnement de la société mais aussi sur les salaires et les conditions de vie et de travail de l’ensemble du personnel». Ainsi et d’interpeller le chef de l’Etat pour sauver l’entreprise ferroviaire car, feront savoir les cheminots, «la société ferroviaire se meut dans un état végétatif. Avec des activités qui ne lui permettent plus de se prendre en charge, avec un personnel payé à ne rien faire par le contribuable sénégalais. Nous avons entre nos mains un outil de travail moribond et en face de nous des chimères. Le contrat de concession qui avait porté la privatisation de l’axe ferroviaire Dakar-Bamako (ex Transrail) a été résilié, la phase transitoire qui consacra l’avènement du Dakar-Bamako-Ferroviaire pour une année est arrivée à terme. Mais le train est encore et toujours à quai». Suffisant pour comprendre le désarroi des cheminots de ladite société ferroviaire, qui ne cessent de scruter un horizon des plus sombres en se posant la question de savoir où est-ce que leur Etat veut mener le chemin de fer.
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