C’est d’un commun accord que le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes/Ensa), le Syndicat des travailleurs des établissements scolaires et universitaires (Stesus/Ensa), la Coordination des amicales des élèves ingénieurs de l’Ensa (Aei) ont décidé d’unir leurs efforts sous forme d’une intersyndicale, pour «la bonne marche de l’établissement». Ils insistent sur «l’urgence absolue de résoudre la situation budgétaire de l’Ensa».Par Cheikh CAMARA –

La Coordination des syndicats de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa) a décrété un débrayage et un arrêt de 48 heures de toutes les activités administratives, techniques et de service, ce mardi 16 juillet 2024, à partir de 10h. Après ce délai, «si la situation ne se décante pas, et avec l’impossibilité de mener nos tâches convenablement, d’autres actions suivront jusqu’à nouvel ordre», avertit l’intersyndicale des Personnels d’enseignement et de recherche (Per), du Personnel administratif, technique et de service (Pats) et des Elèves-ingénieurs (Ei), qui demeure «ferme» face à «toute entrave au bon fonctionnement de l’école». Le Secrétaire général de la section Saes-Ensa, Mamadou Moustapha Mbaye, et ses camarades remarquent que «depuis la promulgation du décret 2023-2304 du 1er décembre 2023 conférant à l’Ensa son autonomie administrative et financière, ni le budget, ni les instances, ni la passation de services n’ont été mis en œuvre. Seule une avance destinée à couvrir le premier trimestre de l’année 2024 a été octroyée à l’Ensa. Grâce aux sacrifices consentis par toutes les composantes (Per, Pats, Ei et la Direction), l’école a pu fonctionner pendant deux semestres au lieu d’un seul».
Le constat est unanime : «L’Ensa ne dispose plus de fonds pour assurer son fonctionnement aussi bien sur le plan pédagogique que sur le plan social, les cours ne peuvent plus se dérouler faute de matériels pédagogiques et de moyens pour rémunérer les vacataires ; il en est de même pour les sorties pédagogiques et les stages habituels en période d’hivernage ; il y a l’absence d’une prise en charge médicale et les risques sur le traitement social et les voyages d’études, etc. ; la rallonge budgétaire demandée demeure bloquée au ministère en charge des Finances.» Aussi, selon l’intersyndicale, «l’Ensa a été oubliée dans le décret 2024-940 du 05 avril 2024 portant répartition des services de l’Etat, et il n’existe malheureusement aucun décret rectificatif afin de montrer le rattachement de l’école au Mesri» ; «le retard incompréhensible dans l’organisation de la passation de services entre l’Ensa et I’Uidt persiste malgré la disponibilité de tous les acteurs concernés». Sans oublier, ajoute l’intersyndicale, «la mise en place des instances nécessaires au bon fonctionnement de l’Ensa et des mesures d’accompagnement reste bloquée malgré les propositions soumises à l’autorité compétente». «Le Mesri n’a répondu, ni donné suite, à aucun des courriers de l’administration de I’Ensa», dénoncent les différentes structures de l’établissement.
Cette situation, aux yeux des enseignants, élèves et travailleurs de l’école, «vient anéantir tous les efforts et sacrifices des Per, des Pats, des Ei et de l’administration de l’Ensa pour garantir un calendrier académique normal». Ils disent avoir démarré l’année scolaire avec des «ressources insuffisantes pour une période de trois mois». Aussi de préciser qu’«après six mois de tergiversation avec l’autorité, qui ne semble pas se soucier de nos difficultés, il est clair que nous ne pouvons plus fonctionner». Mamadou Moustapha Mbaye et ses camarades considèrent que «la situation budgétaire actuelle de l’Ensa est devenue insoutenable et nécessite une intervention immédiate. Sans résolution rapide, l’ensemble des activités pédagogiques et administratives de l’école est gravement menacé, mettant en péril l’avenir de nos étudiants et le bien-être de notre personnel». Selon eux, «en l’absence de mesures concrètes et durables des autorités, il est évident que l’Ensa est dans l’impossibilité de fonctionner sans moyens budgétaires adéquats».
L’intersyndicale regrette en conséquence le fait que «malgré l’urgence de cette situation, et malgré la grève de 48 heures décrétée par la section Ses de l’Ensa, la semaine dernière, pour alerter sur la situation alarmante de l’école, aucun budget ne soit encore disponible pour assurer le fonctionnement de l’école».
Correspondant