Dans les différents départements de la région de Thiès, les conflits sociaux se multiplient à cause de l’occupation des terres, et aussi les relations sont devenues mauvaises avec les entreprises installées dans la zone. La cohabitation est du coup sulfureuse.
La région de Thiès est une mine d’entreprises… minée par une série de conflits sociaux. Ces derniers mois, ses différents départements ont connu des tensions nées des différends avec les sociétés minières et autres qui exploitent son riche sous-sol. A Mbour, il a fallu que le Président Sall démine le terrain pour ramener le calme à Ndingler sorti de l’anonymat à cause de son différend avec l’homme d’affaires Babacar Ngom. Après des semaines de confrontation, de conciliabules, il a tordu le bras à l’homme d’affaires pour lui demander de restituer les 80 ha dont le village de Ndingler réclame la possession pour cette année afin de permettre aux populations de pouvoir cultiver ces terres situées à cheval entre la commune de Sindia et celle de Ndiaganiao. Ce dernier a accepté la proposition du président de la République tout en précisant que ce n’est pas une expropriation, mais juste une entente avec le propriétaire du titre foncier.
Ce conflit cachait une autre révolte qui couvait à Nguéniène avec l’attribution de 252 ha à une société espagnole qui a soulevé l’ire des populations de cette commune, située dans le département de Mbour. En même temps, le déclassement de 1 160 ha dans la forêt de Ballabougou qui enhardit les habitants de Nguéniène, Sandiara et Malicounda où la colère continue de gronder. La situation est identique à Ndayane où l’érection du port crée des tensions. Ici, les populations réclament aussi leur indemnisation.
C’est ce sentiment de révolte qui anime les habitants des autres départements de la région de Thiès. Ils sont dopés par le ressentiment d’être plumés par des entreprises sur leurs terres ancestrales. Par exemple, le bras de fer entre les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et les jeunes de Tobène, qui s’opposaient à la délimitation des 6 ha de terre du projet d’extension de la société, a atterri devant la barre du Tribunal des flagrants délits de Thiès. Placés sous mandat de dépôt pour rassemblements illicites, violences à agents dans l’exercice de leurs fonctions, incitation à la rébellion, les 20 manifestants ont été relaxés au bénéfice du doute. Ce délibéré va-t-il ramener la paix sociale dans la zone ? Face à la montée des tensions, le Forum civil avait demandé la renégociation du contrat entre l’Etat du Sénégal et les Industries chimiques du Sénégal (Ics) pour mettre fin «à la récurrence des conflits entre les Ics et les populations de sa zone d’implantation». Il demande l’application de l’article 94 du nouveau Code minier publié en 2016, qui parle du respect des droits humains, socio-économiques et environnementaux. Mais on voit que les entreprises foulent au pied les droits des populations et sans voie de recours.
A Diogo, les populations ne cachent ni leur amertume ni leur désillusion et attendent les retombées de l’exploitation du zircon. Le recrutement massif des jeunes et la construction d’édifices socio-économiques avaient laissé entrevoir un changement radical de la zone. Mais l’illusion s’est substituée à l’espoir dans cette zone minière perdue dans la commune de Darou Khoudoss.
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