Thiès – Gamou de Ndiassane 2025 : Le Khalife met en garde contre une érosion des valeurs morales

Le ministre de l’Agriculture, Dr Mabouba Diagne, conduisant la délégation gouvernementale, a représenté le chef de l’Etat à la cérémonie officielle du Gamou annuel de Ndiassane, ce jeudi. Le khalife a mis en garde contre la perte des valeurs morales qui ronge le tissu social. Par Cheikh CAMARA –
Le Khalife général de la capitale spirituelle de la Qadiriyya, Cheikh Bouh Cheikh Sidy Makhtar Kounta, par la voix du porte-parole d’Akh-Loul Kountiyyou, Cheikh Khalifa Abdallah Kounta, et du président du Comité scientifique de Ndiassane, un des petits-fils de la famille Kounta, professeur Abdourahmane Kounta, est revenu sur le sens du Mawlid an-Nabawi qui, dit-il, «n’est pas un événement que l’on traverse, mais un rendez-vous avec l’amour, un moment de contemplation du rang muhammadien, une opportunité pour les gens de renouveler leur engagement spirituel, de raviver leur lien au secret muhammadien». Il poursuit : «En ce jour béni, nous ne nous réunissons pas pour fêter une naissance corporelle, mais pour raviver le souvenir de l’apparition de la lumière muhammadienne dans ce monde inférieur ; lumière par laquelle les univers se sont établis, les voiles ont été levés, la miséricorde s’est manifestée et la sagesse a coulé.»
Le khalife a aussi évoqué le soufisme authentique, qui est la dimension spirituelle et intérieure de l’islam, et a toujours placé la purification de l’âme, l’épuration de l’esprit et l’acquisition des nobles caractères au centre de sa démarche. «L’appel à la moralité n’est pas secondaire, c’est le cœur battant de l’islam.» Le guide religieux assure qu’en ce jour béni, alors que nous célébrons l’anniversaire du Sceau des prophètes, Muhammad (Paix et salut sur lui), il nous incombe de méditer sur le message éternel qu’il nous a légué. «Le thème de cette année nous rappelle l’ordre divin : «c’est par leur guidance que tu dois suivre» (Sourate al-An’am, verset 90), «qui nous oriente vers l’importance des bonnes mœurs», a-t-il ajouté. Il rappelle que l’essence de la religion musulmane est d’orner les âmes et les comportements, de suivre la voie des vertueux. Mais également de viser ce qu’ont atteint les rapprochés, sachant que, au minimum, s’ils n’atteignent pas leur rang, ils mourront sur leur voie.
Sur la nécessité de préserver sa foi et s’orienter vers le Coran face à la perversité du monde, le khalife d’indiquer : «Face à la multiplicité des croyances, des sectes, des voies et des chemins, chaque esprit conscient doit choisir par quelle voie marcher, à qui s’identifier et avec qui cheminer.» Malheureusement, s’offusque Cheikh Bouh Cheikh Sidy Makhtar Kounta, «nous observons aujourd’hui une érosion des valeurs morales qui ronge le tissu des sociétés, en particulier dans notre chère Afrique, frappée par l’individualisme, la course effrénée derrière les passions mondaines, la tromperie, la perte de la pudeur, et autres fléaux qui nous arrachent nos identités et nous éloignent de notre humanité».
Toutefois, il souligne que «tout cela est parmi les choses contre lesquelles Allah (Swt) a mis en garde les croyants dans Son Livre noble». Une corruption morale qui, dit-il, n’est pas sans conséquence. «Elle engendre l’insécurité, la perte de confiance, la pauvreté et l’effondrement du lien social», souligne le marabout, selon qui «face à cette réalité, l’appel à raviver la morale n’est pas un luxe, mais une nécessité urgente pour la continuité et l’équilibre de nos sociétés». Le Khalife de Ndiassane se veut catégorique sur la religion islamique qui, par ses enseignements, reste la meilleure prescription pour traiter toutes les formes de dérives morales qui menacent l’unité des nations.
Les assurances de Mabouba Diagne
En écho, le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, qui a dirigé la délégation gouvernementale à l’occasion de l’édition 2025 du Gamou annuel de Ndiassane, a mis l’accent sur le fait que cette célébration, qui correspond, selon la tradition Qadiriyya, au huitième jour de la naissance du Prophète Muhammad (Psl), transforme chaque année cette cité sainte en un lieu de ferveur et de piété, accueillant des fidèles venus de tous les horizons, unis par l’amour du Prophète (Psl) et l’attachement aux enseignements de Cheikh Mouhammad Bouh Kounta, fondateur de la tariqa Qadiriyya au Sénégal. «Cette célébration, a-t-il souligné, perpétue une tradition rituelle qui fait la fierté de notre patrimoine religieux.» Elle témoigne de l’enracinement profond de l’islam dans nos terroirs et de la vitalité de nos confréries qui continuent d’éclairer le chemin de la foi pour les générations successives. Mabouba Diagne considère que le thème retenu pour cette édition 2025 du Gamou, «Voilà ceux qu’Allah a guidés. Suis donc leur direction», «invite les uns et les autres à méditer sur la nécessité de suivre la voie des élus d’Allah, de rester fidèles à la Sunna du Prophète (Psl) et de prendre exemple sur les hommes et femmes de vertu qui incarnent la guidance divine», dit-il.
Pour le ministre, «en ce jour de célébration de la naissance du Prophète Muhammad (Psl), ce thème prend une résonance particulière. Le Prophète Muhammad (Psl), décrit dans le Coran comme étant d’un caractère sublime, demeure le modèle parfait à suivre. Son exemple éclaire tous les aspects de notre existence : spirituelle, sociale, familiale et communautaire». Selon lui, la tariqa Qadiriyya, à travers ses maîtres successifs, «a su préserver et transmettre cet héritage prophétique, nous enseignant que suivre la guidance divine, c’est marcher sur les traces du Prophète (Psl) avec sincérité et détermination».
Le ministre de l’Agriculture enchaîne : «Notre pays traverse aujourd’hui un moment crucial de son histoire. Face aux défis économiques, sociaux et sécuritaires que nous traversons, l’enseignement contenu dans le thème de ce Gamou résonne avec une actualité saisissante. «Suivre la guidance divine» dans le contexte actuel, c’est puiser dans les valeurs de justice, de probité, de solidarité et de travail qui ont toujours caractérisé l’éthos sénégalais.»
Selon Mabouba Diagne, le «gouvernement reconnaît pleinement le rôle fondamental des confréries religieuses dans l’édification morale de notre société». Et d’indiquer : «Votre contribution à la paix sociale, à la cohésion nationale et à l’éducation des consciences constitue un pilier essentiel de notre stabilité démocratique. En ces temps d’incertitudes mondiales, où l’extrémisme tente de détourner le message sublime de l’islam, votre incarnation d’un islam authentique, tolérant et ouvert au dialogue, honore notre Nation et conforte notre position de référence en matière de coexistence religieuse pacifique.»
Pour le ministre, «le thème de cette année nous invite tous -gouvernants et gouvernés- à nous inspirer de l’exemple prophétique pour bâtir une société plus juste, plus équitable et plus solidaire». C’est, dit-il, dans cet esprit que le gouvernement s’attelle à mettre en œuvre des politiques publiques guidées par les principes de justice sociale et de développement inclusif. A l’attention de Cheikh Bouh Sidy Moukhtar Kounta, le ministre de souligner : «L’Etat du Sénégal réaffirme solennellement son engagement indéfectible à garantir la liberté de culte et à accompagner toutes les communautés religieuses dans l’épanouissement de leur foi et de leurs activités cultuelles. Votre rôle dans la formation des consciences et la promotion des valeurs civiques mérite notre reconnaissance et notre accompagnement constant.»
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