Une «violente explosion de colère» risque d’emparer sous peu la commune de Mont-Rolland où de vives altercations ont opposé la semaine dernière les populations riveraines aux travailleurs de la société Quality fruit Sénégal au niveau des champs isolés des villages de Loukhouss, Ndiaye Bopp et Fouloume, occasionnant quelques blessés graves. Le mouvement citoyen dénommé «Mont-Rolland debout», à la faveur d’une journée de mobilisation, accuse le maire de la commune

«C’est un scandale !» C’est par ces mots que le mouvement citoyen «Mont-Rolland debout» a qualifié «le bradage» du foncier dans sa commune, estimé à près de «3 000 ha» de terres. Un phénomène qui risque d’assombrir la vie de plusieurs milliers d’agro-pasteurs face aux «lourdes menaces» qui pèsent sur leur activité agricole et pastorale du fait du bradage de leur foncier. Et la goutte de trop sera le violent affrontement qui s’est produit la semaine dernière entre les populations de Loukhouss, Ndiaye Bopp et Fouloume et des travailleurs de la société Quality fruit Sénégal. Une altercation qui a enregistré deux blessés de chaque côté. Un des responsables de la société fruitière, un Hollandais, a été grièvement blessé à la tête ainsi qu’un paysan originaire du village de Loukhouss. Les populations dénoncent la «confiscation de nos terres par l’entreprise hollandaise, avec la complicité des autorités municipales». Un conflit qui, d’après les membres du mouvement citoyen «Mont-Rolland debout», n’est que la partie visible de l’iceberg. Selon Gustave Gaye, membre du comité d’initiative dudit mouvement, «près de 200 ha de terres ont été affectés dans la zone nord de la commune. Idem au niveau de la zone Nord-Ouest, plus précisément dans le village de Yékhére, où il y a eu une délibération de plus de 146 ha». Egalement, poursuit-il, «500 ha de terres ont été affectés au niveau du Lac Tanma, 12 ha dans la forêt classée de Mbendy, 356 ha à Khaye Khondiom dont 39 ha de la zone de pâturage. Ce qui fait plus de 2 000 ha affectés». Et cela, souligne M. Gaye, «sans compter des lotissements effectués sur la montagne de Mont-Rolland, depuis les limites de nos frontières avec la commune de Fandène, lesquels lotissements avoisinent les 1 000 ha». Et de préciser : «C’est près de 3 000 ha de terres qui sont affectés.» Des parcelles qui, semble accuser le membre du mouvement citoyen Mont-Rolland debout, seraient affectées à coût de 50 F le m2. Il s’offusque surtout des «facilitations» notées dans la délibération du site du Lac Tanma au profit du prometteur. Selon lui, «l’hectare serait attribué à 4,5 millions de F Cfa. Et le promoteur, jusqu’à ce jour, est parti avec les délibérations sans verser un seul franc». Pis, ajoute-t-il, «sur les 500 ha affectés au promoteur, seuls les propriétaires des 100 ha ont donné leur aval. Les autorités municipales ont garanti ledit promoteur que les autres propriétaires des 400 ha seront convaincus». Pour dire, selon Gustave Gaye, que «c’est un conflit qui risque de créer des problèmes dans la commune, comme les incidents survenus il y a quelques jours».
Outre la gestion du foncier, Gustave Gaye et ses camarades devaient évoquer de «nombreux autres problèmes auxquels la commune de Mont-Rolland fait face». Il s’agit de «la mauvaise gestion des ressources minérales de la zone, notamment les phosphates de Lam-Lam et les carrières latéritiques de la commune». Difficulté à laquelle s’ajoute «le manque criard d’eau dans la commune où 24 quartiers ne sont pas alimentés». A ce même moment, s’offusque-t-il, «de nombreux forages ont été forés dans la commune pour alimenter la capitale Dakar». Pour dire, selon lui, «notre mouvement dénonce la gestion globale de la mairie de Mont-Rolland». Un combat que compte intensifier «Mont-Rolland debout» dont la position, rappelle M. Gaye, se résume à : «Tout paysan à le droit de jouir de ses terres, nous soutenons tous les paysans qui ne veulent pas céder leurs terres.»
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