#Thiès – Grève de 48h à l’Uidt : La colère des travailleurs
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Par Cheikh CAMARA –
Au cours d’une Assemblée générale d’urgence tenue ce matin, le coordonnateur de l’intersyndicale, Saliou Thiam, et ses camarades sont revenus sur «les graves orientations prises par le Recteur de l’Université Iba Der Thiam (Uidt) de Thiès envers le personnel, notamment envers le Pats». Ils expliquent : «Dès son entrée en fonction, le Recteur Mamadou Babacar Ndiaye avait pris des décisions arbitraires visant la suppression des postes de chef de bureau, ce qui a considérablement réduit les opportunités de promotion et de reconnaissance pour notre personnel. Alors que dans tous les établissements publics, dans toutes les universités sénégalaises, il existe cette agencement des responsabilités : chef de bureau, chef de division et directeur.»
Les travailleurs enchaînent : «Toujours avec une visée inavouée envers le Pats, il a exprimé le souhait de mettre en place une commission chargée d’examiner les salaires, pour laquelle il a sollicité l’approbation du Conseil d’administration (Ca), lequel, lors de sa réunion du 8 février 2023, a exprimé des réserves quant à l’idée que le travail d’audit des salaires soit effectué par une équipe interne. Le Ca lui a donc demandé, malgré notre inquiétude, de procéder à ce qu’il a appelé une vérification. Ce que nous avions considéré déjà comme un audit, car audit égal vérification.»
Saliou Thiam et ses camarades signalent que «le Recteur a par la suite installé un comité de vérification des salaires composé de personnel en interne. Ce comité a bel et bien effectué un audit de nos salaires car dans son pré-rapport, à la page 3, il dit que pour faire le travail : «La méthode utilisée est conforme aux normes internationales d’audit interne.» Ce qui veut dire que le Recteur a mis en place un comité, composé par nos propres collègues, chargé d’auditer nos salaires, leurs salaires eux-mêmes et les salaires de leurs supérieurs hiérarchiques». Une approche qu’ils considèrent comme «incommode, car elle ne garantit pas l’absence de préjugés, de rivalités professionnelles ou de relations interpersonnelles qui pourraient influencer les conclusions».
Risque de conflits entre collègues
De plus, «elle remet en question l’objectivité des personnes chargées d’auditer les salaires, notamment lorsqu’il s’agit d’évaluer ceux de leurs propres collègues ainsi que de leurs supérieurs directs ou indirects», s’offusque l’intersyndicale, qui considère que «ce comité ne peut pas garantir l’objectivité nécessaire. De plus, et plus grave, les membres de ce comité semblent ignorer les acquis que certains d’entre nous ont obtenus à travers des accords et des décrets, ce qui est inacceptable. Leur méconnaissance des avantages légalement accordés au personnel fausse complètement les conclusions de l’audit et compromet nos droits».
L’intersyndicale désapprouve «l’audit interne des salaires réalisé par des membres du personnel» et demande au Conseil d’administration de «ne pas examiner ce pré-rapport, qui ne respecte pas les principes fondamentaux d’équité et de non-contradiction dans l’étude, car aucun acteur n’a été autorisé à formuler des observations sur ce pré-rapport avant sa présentation au Conseil d’administration». Les travailleurs tiennent le Recteur pour «seul responsable des tensions éventuelles découlant de cet audit», et avertissent le Conseil d’administration sur «le risque de conflits entre collègues». «Il y a aussi des inquiétudes quant à des évaluations partiales car les indemnités examinées, à tort, comme indûment attribuées, concernent également des collaborateurs directs du Recteur. Cette situation soulève des questions quant à l’équité du processus», ajoute Saliou Thiam.
Par rapport au personnel, l’intersyndicale du personnel administratif technique et de service de l’Uidt, qui dit lutter pour «la justice et l’équité», précise : «dans le pré-rapport de ce comité, il est souligné des pratiques relatives au mode de recrutement du personnel et au non-respect du volume de travail. C’est le Recteur, à travers différentes notes de service, qui a fixé les horaires de travail, donc le volume hebdomadaire de travail inférieur à 40 heures», précise M. Thiam. Il dégage toute responsabilité : «Tout manquement au volume horaire de travail lui est imputable. Des acteurs de l’université ont proposé au Recteur un mode de travail respectant le volume horaire hebdomadaire, mais ces propositions restent encore sans réponse.»
Les syndicalistes, qui rappellent leur devoir de «défendre notre institution, nos droits et intérêts», pensent que «le Recteur, depuis son arrivée, semble cibler délibérément les avantages du personnel administratif sous prétexte qu’ils sont trop payés, tout en fermant les yeux sur les irrégularités concernant les salaires et avantages du personnel enseignant».
Aujourd’hui, l’intersyndicale demande des éclaircissements sur «les liens familiaux existant entre le Recteur et les derniers agents recrutés ou nommés», «les évolutions des indemnités et avantages du Recteur».
Correspondant