Les services de la santé de la mère et de l’enfant ont été fortement impactés par la grève des syndicats des travailleurs de la santé et de l’action sociale And gueusseum. Elle a duré de mars à décembre 2018.

«Les services de la santé de la mère et de l’enfant ont subi le plus grand impact des 9 mois de grève des syndicats des travailleurs de la santé et de l’action sociale dans la région de Thiès», a révélé Dr El Hadji Malick Ndiaye, médecin-chef de la région médicale de Thiès. Il présentait la situation sanitaire de la région lors de la revue annuelle conjointe de la région médicale tenue à la gouvernance, en présence des acteurs de la santé, des collectivités locales et de l’Administration territoriale. Il explique que les conséquences du mouvement d’humeur des agents de la santé, de mars à décembre 2018, c’est notamment «la baisse des taux de vaccination et de prévalence de la planification familiale». Aussi, poursuit-il, «dans le cadre du Programme élargi de vaccination (Pev), la proportion d’enfants de 0 à 11 sans complètement être vaccinés est passée de 93% en 2017 à 83% en 2018. Soit une baisse de 10 points». De même que «la couverture vaccinale en Penta-3 est passée de 97% à 80%, en raison du boycott du Pev durant la grève». La grève d’And gueusseum a aussi des impacts sur le taux de prévalence contraceptive de la région de Thiès qui est passé «de 16% en 2017 à 11,87% en 2018, alors que l’objectif était d’atteindre les 30,40%. Egalement, le taux de recrutement de la planification familiale est passé de 5,3% à 4,04%, soit une légère baisse, pour une cible de 9,60%». Toutefois, signale Dr Ndiaye, «les services de la vaccination et de la contraception ont diminué, mais ne se sont pas effondrés grâce à la résilience du système qui a pu s’adapter. Les médecins-chefs de district sont eux-mêmes descendus sur le terrain pour vacciner les enfants, afin de pallier le déficit de personnel opérationnel». Et cela, sans compter «les réquisitions effectuées par des gouverneurs et des préfets concernant la vaccination». Des réquisitions qui, de l’avis de Dr Ndiaye, «ont aussi contribué à atténuer les conséquences de la grève». Et d’ajouter : «Si on avait baissé les bras, on serait à 0%.» Il renseigne que pour 2019, la région médicale de Thiès «est train de se relever, de tout corriger, pour avoir une année plus performante».

Baisse des indicateurs
Au-delà, Dr El Hadji Malick Ndiaye renseigne que la région médicale de Thiès a amélioré, en 2018, ses indicateurs en matière de lutte contre le paludisme, la tuberculose et la malnutrition. Il dit : «Le paludisme est de plus en plus sous contrôle. Le taux d’incidence a chuté, passant de 3,39 pour 1000 habitants en 2017 à 2,68 pour mille en 2018. Le taux de mortalité lié au paludisme est passé de 0,003% à 3,51%. Nous avons eu quatre cas de décès, dont les trois sont importés. Ils venaient du Mali. Il n’y a qu’un qui a eu son paludisme ici et qui en est décédé.» Selon le médecin-chef de région, «cette tendance devrait être consolidée avec la distribution en juin de 1,5 million de moustiquaires imprégnées dans la région de Thiès, dans le cadre de la couverture universelle en Milda». Il reste convaincu que «d’ici 2020, le paludisme, à défaut de disparaître, sera sous contrôle et ne sera plus un problème de santé publique». Et pour lui, le seul obstacle à l’éradication restera «la situation des pays voisins qui n’ont pas atteint le même niveau que le Sénégal».
S’agissant de la situation nutritionnelle, il indique que «la région est passée de 6% à 4% d’enfants malnutris, dépassant largement l’objectif qui était d’avoir moins de 12%. La prévalence de la malnutrition globale aiguë chez les enfants de 0 à 5 ans est passée de 7 à 5% sur la période concernée».
Concernant le traitement de la tuberculose, il pense que même si «le taux de détection a chuté, passant de 76 à 62% du fait de la grève, le taux de succès dans le traitement est passé de 90% de malades guéris en 2017 à 92% en 2018». Entres autres questions abordées lors de la revue annuelle conjointe de la région médicale, la dette de 1,5 milliard de F Cfa due au Centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène par l’Agence de la couverture maladie universelle (Ancmu), la nouvelle loi régissant les Comités de développement sanitaire (Cds), l’ouverture des quatre blocs opératoires de Khombole, du centre de santé de 10e de Thiès, de Popenguine et Mékhé, réalisés et non encore fonctionnels…
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