Comme si on était encore en pleine campagne ! La page des élections est certes tournée mais certaines populations de Thiès font encore du tapage aux allures d’un meeting. Les habitants de Keur Massamba Guèye, sud Stade Lat-Dior, Mbour 4 extension et Sinthiou Yoro Sadio, ont bloqué une heure durant la route qui mène vers Mbour pour exiger la fermeture de la décharge de Keur Massamba Guèye communément appelée «Kamb yaa» (Les fossés).

Une plaie au cœur de la commune de Thiès-Ouest, la décharge «Kamb Yaa» est devenue aujourd’hui «une bombe écologique» dans la Cité du rail selon les populations de Keur Massamba Guèye, localité située au sud du stade Lat-Dior, de Mbour 4 extension et de Sin­thiou Yoro Sadio. En sit-in hier, devant le site de la décharge, situé sur la route de Mbour, les populations déchargent leurs souffrances. «Nous demandons la fermeture de la décharge parce qu’elle est devenue un véritable problème environnemental et de santé publique. Les autorités locales doivent agir pour nous débarrasser définitivement des ordures. Et la seule alternative reste la délocalisation de cette décharge», étouffe Habibou Mangane, du fait de la fumée permanente et des odeurs nauséabondes nées d’un décor pas très reluisant au cœur de leur quartier. De l’avis du porte-parole des populations, une décharge ne peut pas se trouver au milieu des habitations. «J’habite à Keur Massamba depuis 11 ans. Lorsque les camions ont commencé à déverser les ordures ici, nous avions alerté les autorités mais en vain. Aujourd’hui, la situation est devenue beaucoup plus compliquée. Nos enfants contractent facilement des maladies parce qu’ils respirent une odeur nauséabonde mêlée à celle de la fumée. Cette situation est invivable», crache le gendarme à la retraite. En effet, renseignent les populations, la décharge «Kamb yaa», jadis emplacement de lacs asséchés, au milieu des années 90, qui s’étend sur près de deux cents mètres de long, n’était fréquentée que par des animaux, les peulhs nomades et leurs troupeaux en quête d’eau et de nourriture. «Des politiques peu soucieux des normes environnementales veulent faire de ce site au relief très accidenté, des lieux d’habitation déjà attribués à des tiers. En attendant, il faut, à l’autorité, charger des camions, remplir les fossés et les ordures ménagères, faute de sable et de latérites suffisantes.» Pour dire, selon les populations, «cet emplacement du grand lac doit être enfoui avec des ordures, entièrement. Parce que, ici, ce sont des parcelles, déjà loties, et leurs propriétaires détiennent des actes, des documents officiels». Ainsi et d’insister, sur le fait qu’il «est temps de délocaliser la décharge parce qu’avant c’était une petite décharge mais actuellement toutes les ordures du département de Thiès sont déversées ici». Toutes raisons entres autres qui feront dire aux populations : «Nous craignons pour notre santé et nous réclamons un cadre de vie meilleur. Nous ne voulons plus cohabiter avec les mouches. Nous voulons respirer de l’air pur», exigent-elles. Non sans avertir : «Nous nous battrons jusqu’au bout pour que cette décharge soit fermée au bénéfice de tous les riverains. Si nous restons les bras croisés, nous n’obtiendrons pas gain de cause. Et la situation que vivent les riverains de la décharge de Keur Massamba Guèye est plus que déplorable.» Pour sa part, le chef de village de Sinthiou Yoro Sadio demande aux autorités de trouver des mesures pérennes. Car de l’avis de Ahmadou Sy, il appartient à ces dernières de trouver un autre espace loin de leurs habitations. «Nous voulons la délocalisation immédiate de cette décharge. Il y a une forêt qui est là, on se demande dès lors pourquoi les autorités municipales ne trouvent pas un autre terrain pouvant abriter la décharge puisqu’elles ont les compétences de le faire.» En attendant, les populations soutiennent que la bataille pour la fermeture de la décharge vient de commencer. «Nous sommes déterminées à aller jusqu’au bout.» Car, feront-elles remarquer que «lors des dernières visites effectuées sur le site, les autorités locales et de l’Etat, notamment les ministres de l’Environnement, qui se sont succédé sur les lieux, avaient promis de délocaliser la décharge et d’installer une usine de traitement et de recyclage des ordures». Une promesse restée en l’état, objet de déception pour les populations qui constatent que la matérialisation d’un tel projet n’est pas pour demain.
nfniang@lequotidien.sn