Les préparatifs de la fête de l’Aïd El Kebir sont toujours occasion de drainage d’un grand monde au niveau du plus grand marché du bétail au Sénégal, Séwékhaye. De partout, les gens arrivent avec leurs espoirs, leurs produits, mais aussi et surtout leurs rêves. A la Tabaski de tous, la chance sourit aux plus dégourdis. Le Quotidien rend visite différents milieux professionnels qui tirent profit de d’événement comme rarement dans l’année.

Par Ndèye Fatou NIANG
(Correspondante)

Vendeurs de cordes : Jusqu’à 500 mille F Cfa
Il s’appelle Modou Sène. Il est vendeur de cordes en la circonstance. La vingtaine révolue, ce jeune, venu de son paisible village natal de Diack, dans la commune de Ngoundiane, tient à fructifier son business à l’occasion de la Tabaski. «Avec ma bande de copains, nous venons chaque année à Séwékhaye nous occuper dans le petit commerce de cordes. Ici, les affaires marchent bien en cette veille de fête. Il m’arrive souvent de réaliser un chiffre d’affaires d’environ 500 mille francs Cfa en période de Tabaski», confie le jeune homme de teint noir, taille moyenne. Accroupis à même le sol, ce groupe de jeunes gens sont enchantés par la Tabaski, qui semble être incontournable. Parmi eux, Aly Bâ et Moussa Ndir justifient leur démarche par le fait qu’au village, «le travail de la terre rapporte moins que leurs petites activités commerciales exercées pendant la fête du mouton». Il suffit, pour s’en convaincre, de prêter l’oreille à Issa Pouye, qui dit «investir chaque année 200 mille F Cfa pour me retrouver avec 400 mille F Cfa, voire 500 mille F Cfa, et j’emploie plus de 20 jeunes dans la vente de cordes».

Dibiterie : des bénéfices inespérés
Ils se frottent joyeusement bien les mains, en période de veille de Tabaski. Ces gérants de «dibiterie», au niveau de cet important point de débarquement de moutons en provenance de toute la sous-région, Séwékhaye. Ils ne s’aménagent aucun temps de repos. Tellement ils se tiennent toujours en pleine action, snobant bien souvent les clients. Eh oui, la Tabaski donne bien des ailes. Et pour ces vendeurs de «dibi», il faut sauter sur l’occasion, une sorte de traite à ne rater sous aucun prétexte. Ici, l’offre semble très en deçà de la forte demande exprimée par cette marée humaine qui a pris d’assaut Séwékhaye. En cette période, un «dibitier» fait des «bénéficies inespérés», confie celui que les clients appellent affectueusement Ngom Dibi, un célèbre vendeur adulé dans le coin. «Je travaille ici depuis le bas-âge, étant tout jeune. J’ai débuté avec la vente de cordes, à 50 francs pièce. Actuellement, je vends du «dibi», avec des bénéfices acceptables. J’ai été formé par mon père car cette activité est devenue une tradition chez nous, griots.»

Téfancké :
50 moutons environ vendus par jour
La catégorie de revendeurs de moutons, ces «intermédiaires» communément appelés «Téfan­cké», s’organisent à leur manière et arrivent à Séwékhaye avec plusieurs camions remplis de bêtes. Sur place, le produit trouve vite acquéreur parce que pendant la fête, chacun veut sacrifier au rituel de la Tabaski. «Il nous arrive d’écouler 50 moutons par jour, le prix le plus bas étant 50 000 francs», confie l’un d’eux. Le seul hic, selon ce dernier, «c’est que plus la Tabaski avance, plus les cas de vol et l’insécurité s’intensifient». Le berger-vendeur s’offusque du «douloureux et épineux problème de l’insécurité». Un état de fait accentué par «le vol permanent du bétail et le déficit d’électrification du foirail de Séwékhaye». Il déplore «un sérieux problème d’insécurité au niveau de ce point de débarquement, lié surtout au phénomène du vol de bétail. Le foirail n’est pas électrifié. Il n’y a pas d’eau, non plus. Alors qu’il se trouve être le numéro 1 au Sénégal. Tout le monde vient s’approvisionner ici pour les besoins de la Tabaski. C’est tout ce qui nous inquiète. Mais pas une probable pénurie de moutons», dit-il, d’un ton ferme.

Gargotes : une activité très rentable
Elles font incontestablement partie du décor de Séwékhaye. Les gargotes servent à manger aux nombreux vendeurs et autres visiteurs du marché de bétail. «C’est une activité très rentable. Je vends des mets pour le déjeuner et le diner et je m’en sors très bien. Nous remercions la municipalité qui a mis des points d’eau qui facilitent notre travail», se félicite Ndèye Astou Séne.

Talibés : 5 000 francs ramassés par jour
Les talibés se font distinguer un peu partout à Séwékhaye. Ils viennent de partout. Assis à même le sol, en face d’un groupe de vendeurs de moutons, le jeune Djiby a la main tendue dans tous les sens, partout. Et il ne se plaint guère. Les gains récoltés lui proviennent d’horizons divers. En ces temps qui courent, Djiby a accepté de partager avec nous ses gains quotidiens, du moins en parole. «Je récolte au moins cinq mille francs Cfa par jour, et parfois, il m’arrive de gagner plus.» En période normale, lui et ses autres camarades triment pour réunir 1 000 francs/jour, confie-t-il.

nfniang@lequotidien.sn