Leur demande d’autorisation de marche pacifique interdite par l’autorité administrative, les habitants du village de Mbirdiam, dans la commune de Keur Mousseu, ont organisé, ce dimanche 2 mars 2025, un rassemblement pour s’opposer à ce qu’ils qualifient de «forfaiture». Ils dénoncent cette tentative d’accaparement foncier injuste sur leurs terres agricoles.Par Cheikh CAMARA – 

Dans la région de Thiès, la colère gronde partout pour une seule raison : spoliation foncière. Les membres du Comité de défense pour les intérêts de Mbirdiam (Cdi-Mb), exposant les faits sur l’urgence de leur cause, alertent l’opinion publique nationale et internationale sur «une situation critique qui met en péril notre communauté : une tentative d’accaparement illégal de nos terres, orchestrée avec la complicité des autorités locales».

Ces habitants de Mbirdiam disent faire face à des «manœuvres répétées et abusives menées par M. Abdou Samb et sa famille, avec le soutien du maire de la commune, M. Momar Ciss. Prétextant un certificat administratif colonial supposément établi avant l’indépendance, ils revendiquent 75 hectares de nos terres ancestrales, bafouant ainsi nos droits légitimes».

Ancienneté du village et légitimité des autochtones
Le village de Mbirdiam, rappelle Baye Laye Cissé, président du Comité de défense pour les intérêts de Mbirdiam, «date de plus de 700 ans, et les autochtones se sont toujours nommés Faye, Diouf, Ciss, Ndione, Pouye, Seck et Guèye. A aucun moment de son histoire, ce village n’a connu d’autres occupants que ceux issus de ces lignées. Ce n’est que récemment qu’est apparue la famille Samb, prétendant un droit sur ces terres». Ils soulignent que «le harcèlement exercé par ces nouveaux arrivants a conduit à la vente illégale d’une partie du territoire, située au centre du village, dans le quartier de Pouyène. Cette zone, très convoitée et étant l’objet de plusieurs délibérations foncières légitimes, constitue le seul poumon essentiel du village, un point stratégique et équidistant de tous les hameaux environnants».

M. Cissé et ses camarades enchaînent leur réquisitoire : «Toutes ces décisions ont été prises par les autochtones et basées sur le droit coutumier. Cependant, des délibérations fictives ont émergé, mentionnant le nom de Soulouf, alors que le village se nomme administrativement Mbirdiam. Ces actes frauduleux montrent une ignorance totale de l’histoire du village.» Pire encore, font-ils remarquer, «une double vente illégale de 4 hectares, 77 ares et 48 centiares a été réalisée en 2023 à Lamine Diop, puis en 2024 à Welly Jus Sa, représenté par Mansour Bousso. Ces transactions fictives constituent une atteinte grave à nos droits coutumiers et à notre souveraineté foncière».

Des terres vitales pour notre développement
L’accaparement de leurs terres constitue, aux yeux des habitants de Mbirdiam, «une menace directe pour l’avenir de notre communauté». Ils disent manquer déjà d’espace pour la construction d’infrastructures essentielles, notamment : «Un lycée pour garantir l’éducation de nos enfants, un marché pour dynamiser notre économie locale, un espace pour les jeunes afin de favoriser leur épanouissement et leur formation, un poste de santé pour assurer un accès aux soins de proximité, un espace vert pour préserver notre environnement et améliorer notre cadre de vie.» Les populations insistent : «Nous refusons que notre jeunesse soit condamnée à l’exode, que notre développement soit sacrifié au profit d’intérêts privés et que notre patrimoine soit détruit par des pratiques foncières abusives.»

Appel à l’opinion publique et aux autorités compétentes
Mbirdiam ne manque pas de lancer un appel à «l’Etat et aux autorités compétentes pour une intervention urgente et une garantie du respect des droits fonciers des populations locales», à «l’opinion publique nationale et internationale pour soutenir notre combat et dénoncer ces pratiques illégales», à «tous les citoyens engagés pour se mobiliser à nos côtés et empêcher cette expropriation illégitime». Baye Laye Cissé et ses camarades de réaffirmer avec «force notre détermination à défendre nos terres et nos droits. Nous ne céderons pas à l’intimidation et utiliserons tous les moyens légaux pour faire valoir notre légitimité et préserver notre avenir».
cheikh.camara@lequotidien.sn