L’Ept et l’Ensa de Thiès tiennent, depuis trois jours, un Symposium sur les sciences et le développement durable. Un moment fort de réflexion pour échanger sur les grands enjeux du moment autour de ces questions.Par Cheikh CAMARA – 

La 4e édition du Symposium scientifique interdisciplinaire annuel de 72 heures (jeudi, vendredi et samedi), co-organisée par l’Ecole polytechnique de Thiès (Ept) et l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa), sur le thème : «Les sciences au service du développement durable», en vue d’une transformation durable du secteur agricole et scientifique au Sénégal, constitue un événement majeur axé sur la souveraineté numérique, énergétique et alimentaire, qui a fait de l’Ept le point de convergence de la réflexion scientifique en Afrique de l’Ouest.
Devant des enseignants-chercheurs, doctorants, experts du monde académique et professionnel, responsables institutionnels, étudiants et passionnés de sciences, autour de conférences, panels, ateliers pratiques, expositions, le ministre de l’Energie, du pétrole et des mines, Birame Soulèye Diop, qui a présidé l’ouverture officielle du symposium, a tenu à saluer l’initiative de la légendaire Ecole polytechnique de Thiès et de la prestigieuse Ecole nationale supérieure d’agriculture de Thiès, qui ont su unir leur expertise pour tenir ce colloque. Une option louable qui, dit-il, «démontre que ces deux grandes écoles d’ingénieurs repositionnent la recherche scientifique au cœur des transformations attendues pour un développement durable, inclusif et souverain». Il souligne l’importance de l’intitulé de cette édition portant sur «Les sciences au service du développement durable» et qui sonne comme une conviction forte : «La science n’est pas une tour d’ivoire.» Bien au contraire, elle constitue un levier de changement au service de la souveraineté. Il revient sur l’importance des trois thématiques structurantes de cet événement majeur qui témoignent, dit-il, d’une intelligence hautement stratégique. Il poursuit : «Le premier axe, consacré à la souveraineté des données à l’ère de la transformation digitale, interroge notre capacité collective à maîtriser les flux d’informations, à sécuriser nos systèmes, à gouverner nos transitions technologiques. A l’heure des méga données, de l’Intelligence artificielle et de la cybersécurité, la souveraineté numérique n’est plus un luxe. C’est une condition d’autonomie et un rempart contre les vulnérabilités systémiques.» «Le deuxième axe, relatif à la transition et à la souveraineté énergétiques, entre en résonance parfaite avec les priorités stratégiques du ministère que j’ai l’honneur de diriger. Le Sénégal, entré dans l’ère de l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières, ne peut penser son avenir énergétique en vase clos. Il nous faut articuler production, efficacité, industrialisation et justice sociale. Nous devons construire un modèle énergétique qui soit à la fois sobre, sécurisé et structurant pour nos économies locales, dans le strict respect de notre environnement», ajoute-t-il. Il ajoute : «Le troisième pilier, enfin, consacre l’innovation agricole comme levier fondamental de souveraineté alimentaire. Cela suppose d’inventer des réponses endogènes, de renforcer les capacités de nos jeunes chercheurs, de combiner savoirs traditionnels et innovations technologiques. Il s’agit, en somme, de réhabiliter une science enracinée, pertinente et transformatrice au service des terroirs, des exploitations familiales et des écosystèmes fragiles.»
Ce symposium, aux yeux du ministre de l’Energie, s’inscrit dans une logique de co-construction des politiques publiques. «En favorisant la rencontre entre chercheurs, décideurs, entreprises et collectivités, il installe une dynamique vertueuse d’intelligence collective. Il permet surtout de rompre avec les cloisonnements, de fédérer les disciplines et les intelligences afin de trouver des réponses concertées, efficaces et durables aux questions cruciales de souveraineté énergétique, de développement économique et d’autosuffisance alimentaire», note-t-il. Il salue, à cet égard, l’opportunité offerte aux doctorants et aux jeunes chercheurs de présenter leurs travaux. «Leur engagement et leur créativité constituent une source dans laquelle l’Etat devra puiser des résultats qui devront contribuer à éclairer ses choix et ses décisions futurs. Il se doit, dès lors, de les accompagner, de les valoriser, de les mobiliser au bénéfice de la Nation», a-t-il indiqué.
Selon le ministre de l’Energie, conformément aux directives du président de la République, il continuera à «soutenir les synergies entre institutions de formation, centres de recherche, administrations publiques et secteur privé». Car, rappelle-t-il, «c’est ensemble, et surtout ensemble que nous construirons un avenir à la hauteur des aspirations légitimes de notre Peuple et de notre jeunesse en particulier». Birame Soulèye Diop ne doute aucunement que ces journées de réflexion feront émerger une pensée transformatrice, capable d’aligner rigueur scientifique et impératifs de développement. L’enjeu, dit-il, c’est d’explorer et de dégager des pistes concrètes, de nourrir une vision stratégique partagée et de poser les jalons d’une politique scientifique structurée autour de l’impact, de la souveraineté et de la durabilité. Aussi de penser que le présent symposium international doit également renforcer les synergies entre les centres de savoir, les structures étatiques, les collectivités territoriales, les opérateurs économiques pour que la science serve, avec méthode et détermination, les priorités de la Nation. Il a souhaité que ce symposium contribue pleinement à «l’édification d’un modèle de développement enraciné dans nos réalités, éclairé par nos savoirs et résolument tourné vers l’avenir».
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