Même si la situation n’est pas alarmante, on a recensé à Thiès 80 décès maternels en 2016. Mais elle mérite plus d’attention pour encore réduire le taux de mortalité maternelle.
A Thiès, 80 décès maternels ont été recensés en 2016, indique Rachel Coly Preira, coordonnatrice régionale de la Santé de la reproduction de Thiès. C’était hier, au cours d’un Comité régional de développement (Crd) sur la situation de la mortalité maternelle dans la région de Thiès. Renseignant qu’un «décès maternel est tout décès survenu au cours de la grossesse, de l’accouchement et des 42 jours suivant la terminaison de la grossesse quelles qu’en soient la durée et la localisation pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle ni fortuite». Mme Preira de renseigner que «chaque jour au Sénégal, 4 femmes décèdent en donnant la vie et 30 autres souffrent d’affections handicapantes». Elle note qu’une grande partie des décès se passe dans les structures de référence. Ce qui dénote, selon elle, l’inexistence d’une certaine organisation des évacuations. «Plus de 62% des cas de décès sont un âge moyen de 15 à 25 ans. La majeure partie est constituée de mères relativement jeunes et les ados avec leur manque d’expérience par rapport à la grossesse et à l’accouchement» ; d’où la nécessité, selon la coordonnatrice régionale de la Santé de la reproduction de Thiès, d’impliquer davantage les réseaux communautaires. Elle note également «une rapidité de survenue du décès entre la réception de la parturiente et le démarrage de la prise en charge (-12h). La prise en charge de la grossesse en amont, la qualité des consultations prénatales et l’estimation de la gravité des cas connaissent souvent des insuffisances». Mme Preira d’analyser : «Le premier retard, c’est le recours aux soins et le deuxième, c’est celui de la prise en charge.» Elle ajoute : «Les trois premières causes de décès maternels sont les hémorragies qui occupent 30% de ces cas, ensuite l’hypertension artérielle et ses complications 28%, et les ruptures utérines 9%. Les hémorragies et les ruptures utérines sont souvent caractérisées par une insuffisance dans la qualité de la prise en charge, du travail et de l’accouchement. Tandis que l’hypertension artérielle et ses complications remettent en cause le suivi et la qualité de la consultation prénatale.» Elle indexe le manque d’équipements des hôpitaux. «L’enquête de Sonu de 2013 a révélé que les trousses (de) laparotomie sont insuffisantes au niveau des blocs opératoires, mais aussi le matériel anesthésique. Egalement, la ventouse obstétricale qui est non disponible dans certaines structures, le déficit d’ambulances, de boîtes d’accouchement et de stérilisateur», avance-t-elle. A ces problèmes s’ajoute le déficit de ressources matérielles, financières, mais également humaines qualifiées dans les structures sanitaires. Une situation préoccupante, de l’avis de Dr Moustapha Diop, médecin-chef de district. Ce, indique le représentant du médecin-chef de la région de Thiès, d’autant qu’un «seul décès pour nous c’est un problème ; donc 80, c’est préoccupant». Néanmoins, analyse le médecin, «si nous le reportons au nombre de naissances vivantes qui est estimé en 2016 à près de 57 mille naissances vivantes, si vous faites le rapport nous sommes à 150 décès sur 100 mille naissances vivantes. Nous pouvons dire que nous sommes en deçà de la moyenne nationale. La situation est là mais si nous nous référons à la moyenne nationale, elle n’est pas aussi préoccupante». Face à l’adjoint au gouverneur chargé des Affaires administratives, Mbassa Sène qui présidait le Crd, les acteurs, partenaires au développement, badiénou gox des départements de Thiès, Tivaouane et Mbour ont analysé avant de dégager des recommandations. Il s’agit de mieux informer et de communiquer avec les femmes en âge de reproduction sur l’importance de faire toutes les consultations prénatales. Mais également l’importance d’accoucher dans les structures de santé. Aussi d’ouvrir les blocs opératoires dans les centres de santé. «Nous avons la chance à Thiès d’avoir des centres de santé qui ont des blocs qui sont construits, mais tantôt c’est l’équipement qui n’est pas complet ou le personnel qualifié qui n’est pas sur place», estime Dr Moustapha Diop qui espère que d’ici les prochains mois la situation va s’améliorer. «Les responsabilités seront situées à tous les niveaux et la riposte qui a été proposée par la région va nous permettre de mieux prendre en charge les urgences médicales liées aux décès maternels. Nous avons beaucoup d’espoir pour la suite.»
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