«Les Forces de sécurité seront mises à contribution afin d’éviter que les moustiquaires distribuées gratuitement aux populations ne se retrouvent sur le marché noir.» L’avertissement est de l’adjoint au gouverneur, chargé du développement, Omar Ndiaye. Il présidait hier à Thiès, un Comité régional de développement (Crd) sur la 2e phase de la campagne nationale de distribution de moustiquaires imprégnées, qui concerne les régions de Thiès, Louga, Saint-Louis, Matam et Dakar. Le médecin-chef de la région de Thiès, Dr El hadji Malick Ndiaye, lui, fait dans la menace : «Quiconque sera surpris en train de vendre des moustiquaires, la loi tombera sur lui avec toute sa rigueur.» Car en effet, renseigne, Dr Doudou Sène, coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), «lors de la dernière campagne, en 2016, des moustiquaires distribuées au Sénégal, avaient été retrouvées en Mauritanie. Ce qui a obligé l’Usaid, notre principal bailleur, qui nous appuie dans la mise à disposition des moustiquaires, d’envoyer spécialement le Fbi, il n’y a pas longtemps, pour faire des enquêtes». Pour dire que «combien la situation est un peu grave». C’est pourquoi, note Dr Sène, dans le cadre de la présente campagne, «lors de la mise en disposition des moustiquaires, toutes les balles ont été codées. Ceci pour savoir le poste d’où les moustiquaires sont parties et de faire un suivi. Le jour où par exemple certaines balles se retrouveront dans le marché noir, il est possible de faire la traçabilité pour montrer que les moustiquaires qui ont quitté Dakar numéro x sont arrivées dans tel poste de santé à Thiès. Et donc une enquête sera diligentée. Pour vous dire comment les gens accordent une attention par rapport à cette situation», informe le Coordonnateur national du Pnlp devant les acteurs sanitaires de la région de Thiès. Et il assure : «S’il y a une denrée qui est surveillée au plus haut niveau, ce sont les moustiquaires.»
Revenant sur la Campagne nationale, prévue du 24 au 29 juillet 2019, Dr El Hadji Malick Ndiaye estime que 1,1 million de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), sur une population de 2,1 millions d’habitants, pour un montant 1,5 milliard, seront distribuées à Thiès. Il dit : «Si nous parvenons à réussir cette campagne, c’est-à-dire à distribuer le nombre de moustiquaires destinées à la région, nous enregistrerons moins de 3 personnes sur mille qui présentent le palu durant l’année.» Ainsi, poursuit-il, «les zones où le palu est en train d’être contrôlé vont être renforcées et à la longue la maladie, je ne dirais pas la maladie sera éliminée, mais sera contrôlée dans la région. Et pour cela nous allons investir tous les moyens de communication que nous trouverons pour que l’information arrive à tout un chacun dans la communauté.» A ce titre, Dr Ndiaye rappelle qu’«au niveau de la région de Thiès, nous faisons cette campagne pour renforcer la lutte contre le paludisme. Parce que déjà dans la région médicale nous avons la chance d’avoir beaucoup de districts qui sont en période presque d’élimination du paludisme». Il s’agit, selon lui, des districts de Poponguine, Thiadiaye, Mbour et Khombole où, dira-t-il, «pratiquement le paludisme autochtone se diagnostic rarement. Et les cas de paludisme que nous avons vus en 2018 ont été importés». Et pour maintenir cet élan de lutte, Dr Ndiaye pense qu’il «faudrait que nous puissions sous la houlette du Pnlp, renforcer la couverture des populations en moustiquaire imprégnée». Il s’agit, selon lui, de «donner une moustiquaire pour chaque deux personnes que compte la population thiessoise». Pour cela, assure le médecin-chef de région, toutes les autorités administratives, locales de même que les organisations communautaires de base, les groupements féminins et toute la population seront associés à cette couverture. Laquelle opération sera suivie d’une période de recensement, qui va durer 5 jours avant le démarrage la campagne le 24 juillet prochain. Et d’insister le médecin-chef de région : «Nous allons tout faire pour que les moustiquaires destinées aux populations arrivent aux populations.» A sa suite, le Coordonnateur du Pnlp au Sénégal, Dr Doudou Sène, revient sur l’enjeu de cette campagne, pour dire que «l‘Etat du Sénégal s’est engagé dans le domaine de la lutte contre le paludisme à atteindre l’élimination d’ici 2030». Il rappelle que le ministère de la Santé, à travers le Pnlp, «a fait des avancées significatives ces 10 dernières années. Et nous sommes pratiquement à quelques encablures de la pré-élimination du paludisme notamment dans le Nord et dans la région de Thiès. Et ces résultats nous les avons obtenus grâce à plusieurs stratégies, notamment la couverture universelle en moustiquaire imprégnée que nous organisons tous les trois ans sur l’ensemble du territoire national». Et pour cette édition 2019, estime Dr Sène, plus de 10 millions de moustiquaires à travers tout le pays seront distribuées pour une valeur globale de 17 milliards de F Cfa. La première phase a débuté en mars et concernait les 9 régions de l’Est, du Centre et Sud du pays, qui «ont enregistré un taux de couverture de 98%».
nfniang@lequotidien.sn
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