Une entreprise néerlandaise a développé une application pour smartphone nommée «Legal­Fling» qui permet d’établir un contrat numérique de consentement mutuel entre des personnes sur le point d’avoir une relation sexuelle.

En finir avec le fléau du harcèlement, des violences sexuelles et des viols dont sont victimes les femmes, telle est la volonté du gouvernement suédois. Son nouveau projet de loi introduit la notion «d’outrage sexuel par négligence» en encadrant les cas pour lesquels l’un ou l’autre des partenaires n’a pas expressément signifié son accord lors d’une partie de jambes en l’air. Y compris au sein des couples mariés de longue date, précisait les derniers jours de 2017 le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven : «Vous devez demander à la personne si elle veut avoir des relations sexuelles. Verbalement ou par écrit, ce serait préférable.» Des propos que des internautes moqueurs sur les réseaux sociaux néerlandais s’étaient empressés de détourner en publiant de pseudo formulaires officiels à remplir avant de passer à l’acte.

Consentir sur WhatsApp
Ce texte de loi a donné des idées à trois jeunes Néerlandais pour développer une application pour smartphone. LegalFling permet d’établir avec son ou sa partenaire un consentement explicite sur des pratiques mutuellement acceptables avant une relation sexuelle. Ce contrat certifié utilise la même technologie que celle employée par la crypto-monnaie bitcoin. Le dispositif s’inspire de la chaîne de blocs (ou blockchain), sorte de registre numérique dans lequel sont consignées et authentifiées toutes les transactions effectuées avec une crypto-monnaie. Votre demande de consentement s’effectue au travers de messageries privées, comme WhatsApp. Vous pouvez indiquer les limites de la relation envisagée, exposer vos fantasmes, exclure des pratiques ou interdire la retransmission de vos ébats sur la toile. Tout est paramétrable. Mais attention aux réponses : «Non» veut dire «non» à tout moment, préviennent les concepteurs de l’appli sur leur site web, et «être évanoui pendant l’acte veut dire également «non» et annule de facto le contrat».

Le consentement réduit à «signer un contrat»
Par ailleurs, en un seul clic, vous pouvez retirer votre consentement. Et c’est bien là le problème : on voit mal comment, dans le torride de l’action, utiliser son smartphone pour changer les clauses de son accord. En cas de litiges, la problématique de la preuve se résumera toujours dans les tribunaux à la parole de l’un contre celle de l’autre, critiquent déjà les membres de l’Ordre des avocats néerlandais.
Et pour la plupart des détracteurs de l’application, donner son consentement ne devrait pas se réduire à «signer un contrat», mais plutôt d’établir un dialogue avec votre partenaire du moment. Pas de boogie woogie avant d’en discuter le soir aurait pu ajouter le chanteur Eddy Mitchell.
Rfi