Le Tribunal de Rennes a dé­bouté lundi la société Mou­linsart qui poursuivait, pour contrefaçon et atteinte au droit moral d’Hergé, un peintre breton dont les œuvres mêlent l’univers de Tintin et de Edward Hopper.
Dans son délibéré, la Cham­bre civile du Tribunal judiciaire a reconnu «l’exception de parodie» et «l’intention humoristique» du peintre breton Xavier Marabout. «L’effet est constitué par l’incongruité de la situation au regard de la sobriété suivie de la tristesse habituelle des œuvres de Hopper et de l’absence de présence féminine aux côtés de Tintin», estime le Tribunal.
«Cet effet invite le spectateur à imaginer une suite», souligne le Tribunal qui estime en outre que «M. Marabout sort de la critique, qu’il n’y a aucun risque de confusion entre Marabout et Hergé».
Dans son délibéré, la Cham­bre civile souligne notamment que Moulinsart S.A. «a dénigré» Xavier Marabout en écrivant à des galeries qui présentaient les œuvres de ce dernier et en indiquant que ses œuvres étaient contrefaisantes.

«L’arrêt de parodier Tintin»
«Le Tribunal a estimé que c’est un dénigrement et a ajouté 10 mille euros de dommages et intérêts pour M. Marabout et 20 mille euros de frais d’avocat», a précisé maître Bertrand Emereux, conseil de l’artiste, qui s’est félicité d’une «excellente décision».
Selon l’avocat, la société Moulinsart, qui gère les droits sur l’œuvre d’Hergé, réclamait entre 10 mille et 15 mille euros en dommages et intérêts, les ayants droit demandant surtout «l’arrêt de parodier Tintin». Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de la société mandaté par la société Moulinsart n’était pas joignable dans l’immédiat.
Dans la vingtaine de toiles de sa série Tintin/Hopper qui s’est «très bien vendue» d’après l’artiste, on découvre le journaliste à la houppette représenté dans des célébrissimes toiles de Edward Hopper, dans un univers très sexualisé.

«Une victoire sur toute la ligne»
Joint par l’Agence France-Presse, Xavier Marabout, 53 ans, installé à Auray (Morbihan), s‘est réjoui du jugement. «Au fond de moi-même, c’est ce que j’espérais (…) Aujourd’hui, le Tribunal reconnaît la liberté d’expression et l’attitude de dénigrement, c’est une victoire sur toute la ligne». «L’art de la parodie a été inventé par les Grecs il y a 2 000 ans. Je suis reconnu dans ce travail d’artiste», a ajouté Xavier Mara­bout. «Cela veut dire que je ne me suis pas trompé, j’ai juste le sentiment que justice a été rendue», a souligné le peintre.
Le Point