La commune de Ngandiouf serait-elle déconnectée du reste du pays ? En tout état de cause, les populations de cette localité, en Assemblée générale hier avec leurs élus locaux, ont répondu en chœur par l’affirmative. Déboussolées, elles dénoncent le retard dans le développement et l’oubli dont est victime leur localité et ne manquent pas d’interpeller les autorités sur l’urgence d’une prise en charge effective de leurs revendications.

«Un poste de santé en tombeau ouvert. L’électrificité, une denrée rare. Les infrastructures routières, un véritable casse-tête. L’éducation, un grand bond en arrière.» Les populations de la commune de Ngandiouf listent leurs maux. Dans cette contrée très enclavée du département de Tivaouane, une seule piste latéritique de 12,5 km, en très mauvais état, relie la nationale 2 à la commune. Conséquence, «la commune est en proie à un enclavement qui rend l’accès difficile», clash Abdoulatif Diène, secrétaire municipal de la commune de Ngandiouf, qui s’offusque : «Nous sommes les grands oubliés de la République. Depuis les indépendances jusqu’à maintenant, les différents pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays n’ont rien fait pour cette commune. Nous avons toujours réclamé en vain le bitumage de la route Ngandiouf-Ndande». Et de se désoler aussi du «retard dans la mise en œuvre du projet de réalisation d’autres tronçons pour désenclaver la commune». Des projets déjà étudiés et qui tardent à se réaliser. Et de s’offusquer : «La commune ne bénéficie d’aucune réalisation du Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) alors que le maire soutient depuis le début le Président Macky Sall». S’agissant de l’électrification, l’élu cherche ses mots. «Une denrée rare», tonne-t-il tout de go, avant de faire savoir que «sur les 107 villages que compte la commune, seuls 14 ont été électrifiés». Un état de fait qui amène les plaignants à se considérer comme «déconnectés du reste du pays». Et d’insister : «Ngandiouf a l’un des taux d’électrification les plus faibles au Sénégal.» Il sollicite «l’électrification d’au moins 10 villages d’ici la fin de 2018». Quid de l’éducation qui est un «grand bond en arrière». En effet, explique-t-il, «Ngandiouf compte 26 écoles élémentaires dont la quasi-totalité est en abris provisoires, seules trois parmi elles étant construites en dur. Le Cem de la commune, construit depuis 2008, manque de tout. Il n’y a ni mur de clôture encore moins un bloc administratif. Aussi, les salles de classe sont en nombre insuffisant, entres autres commodités pour de très bonnes conditions d’études», râle-t-il. La santé n’est pas en reste. Elle demeure un «tombeau ouvert», parce que malade dans la commune. «Les rares postes disposant de matériels n’ont pas de personnels.» Et pour couronner le tout, l’insécurité vient perturber le sommeil des paisibles citoyens avec la récurrence des vols, «faute de Brigade de gendarmerie».
Abdoulatif Diène ne manque pas de mettre en garde l’Etat contre «la privatisation de l’Office des forages ruraux (Ofor) qui n’augure rien de rassurant pour les populations des zones rurales, Ngandiouf notamment». Une réforme qu’il trouve «dangereuse et pas bénéfique pour les populations puisque les tarifs sont exploitants». Il soutient que «les populations n’ont pas les moyens. 300 francs Cfa le m3, c’est cher. La réforme n’a pas prévu des quotas maraîchers et le Sénégal ne peut pas se développer sans l’agriculture». Et d’alerter le conseiller municipal : «Ce sera la mort programmée du maraîchage et de la culture de contre-saison dans le Cayor.»Du coup, poursuit l’élu, «le taux de chômage va augmenter. En même temps, l’exode rural va s’accentuer et la pauvreté gagner du terrain», a-t-il dit devant le maire apériste Ngouda Ciss, les conseillers municipaux, chefs de village, autorités religieuses et coutumières, jeunes et femmes de la localité. Il termine par demander l’appui et le soutien du chef de l’Etat et du député-maire Aymérou Gningue, président du Groupe parlementaire Bby,  pour que «des solutions rapides soient trouvées aux doléances des populations».
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